Eléments d’analyse sur la libération de Khaled Drareni et de Rachid Nekkaz
Par Nabil D. – Le journaliste Khaled Drareni et le militant Rachid Nekkaz ont été libérés ce vendredi suite à la grâce présidentielle annoncée par Abdelmadjid Tebboune dans son discours d’hier [jeudi]. Trente et un autres détenus ont été remis en liberté, tandis que d’autres quitteront la prison dans les heures et les jours qui suivent, selon ce qu’a affirmé le chef de l’Etat.
Ces libérations interviennent au moment où le Hirak a repris à partir de la ville de Kherrata, où les premières fissures ont transparu ce 16 février. Des sources sécuritaires n’excluent pas un retour de la contestation populaire pacifique à travers tout le pays, notamment dans la capitale, mais pas forcément le 22 février, selon elles. Alger était quadrillée ce vendredi et un hélicoptère de la Sûreté nationale a survolé la ville durant toute la journée.
Le geste d’apaisement d’Abdelmadjid Tebboune, à peine rentré de son séjour médical en Allemagne, était attendu. Des sources concordantes ont, en effet, déclaré à Algeriepatriotique que le pouvoir cherche à calmer le jeu et à encourager le plus grand nombre à participer aux prochaines élections législatives prévues fin mai ou début juin. La dissolution précoce du Parlement participe de cette volonté de recoller les morceaux dans un contexte difficile, aggravé par la crise sanitaire et la quasi-paralysie de l’économie du pays.
Il est, cependant, peu probable que la libération des figures de proue du Hirak puisse faire reculer ses principaux animateurs, déterminés à aller jusqu’au bout de leur logique, d’autant que le mouvement de contestation populaire a été dévoyé par des cercles qui poussent à la confrontation en élevant à chaque fois le plafond des revendications et en refusant tout compromis, de sorte à faire perdurer la crise.
Le président Tebboune a également annoncé un remaniement partiel du gouvernement, en expliquant que celui-ci toucherait les ministres qui «ont failli». Simple replâtrage momentané, en attendant les grands changements prévus après les législatives qui donneront naissance au prochain Exécutif dont la composition épousera la configuration politique de la prochaine Assemblée populaire nationale.
On peut deviner d’ores et déjà que le FFS, Jil Jadid et un ou deux partis islamistes comptent jouer un rôle prépondérant lors de cette échéance électorale qui verra les deux piliers du régime Bouteflika relégués au second plan, avant, sans doute, leur disparition définitive de la scène politique nationale.
Ce qui est sûr, pour l’instant, c’est que la remise en liberté de Rachid Nekkaz et de Khaled Drareni, qui a bénéficié d’un large soutien des médias, des partis et des ONG en France – une affiche gigantesque portant son portrait trône sur un quartier de Paris –, ne changera pas grand-chose à la donne. Car, vu d’outre-mer, il s’agit ni plus ni moins d’une «concession tactique» et d’un «geste habile» du pouvoir pour «reprendre la main».
N. D.
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