Le politologue Bachir Medjahed préconise des législatives en deux tours
Par Mohamed K. – L’ancien conseiller politique à la présidence de la République Bachir Medjahed propose des élections législatives à deux tours. Estimant que les partis choisissent leurs candidats et que les électeurs ne font que valider, il note que «les dernières élections présidentielles ont confirmé l’inutilité de conserver un système électoral à deux tours» car «les présidents gagnent toujours par K.-O. dès le premier tour».
«Par contre, développe l’ancien analyste à l’Institut des études stratégiques globales, pour donner plus d’épaisseur aux élus parlementaires, plus de conscience et plus de responsabilité, et pour ne pas les faire opprimer par leurs partis politiques, un scrutin nominatif à deux tours s’impose.» «Cela, explique-t-il, n’arrangerait pas tellement les partis car, dans ces conditions, ce sont les candidats qui sont élus et non pas les formations politiques.» «Ainsi, nous saurions qui des députés a des convictions et des idées au lieu de se dissimuler derrière les partis», argumente Bachir Medjahed.
«Pourrions-nous réellement dire qu’en tant qu’électeurs nous avions choisi les vainqueurs avec un scrutin de liste ?» s’interroge le politologue, avant de répondre : «Ce sont les partis qui ont choisi et pas nous. Eux, placent leurs favoris en tête de liste et nous demandent de valider leur choix.»
Dans un autre registre, Bachir Medjahed pointe un «excès suspect de nationalisme». «Trop de nationalisme, à toute heure, à tout moment, debout, couché, assis, disponible en permanence à citer pleins de slogans», ironise-t-il. Il en va de même pour «l’excès suspect de religiosité». «Cercle frontal pour revendiquer le ralliement, référence religieuse sans cesse citée à tout moment», explique-t-il encore. Pour lui, «les deux discours se rencontrent, se croisent et très souvent ne divergent pas sur le plan du monopole sur le nationalisme et sur la religion». Il définit cet excès ainsi : «Ils aiment trop leur pays, et nous pas assez ; ils aiment trop Dieu et le Prophète, et nous pas assez !» Il ajoute, non sans sarcasme : «Il n’y a qu’eux qui aiment leur pays et il n’y a pas de place sur le navire, sauf à quémander leur caution, et il n’y a qu’eux à savoir ce qui est licite et ce qui ne l’est pas.»
«Certains disent qu’ils ont emmagasiné dans leur cœur tout l’amour pour la nation et, bien sûr, il n’en reste plus pour les autres, pour nous autres. Certains disent qu’ils ont emmagasiné dans leur cœur tout l’amour pour notre religion et il n’en reste plus pour les autres, pour nous autres», conclut-il, en faisant une allusion claire aux courants islamiste et nationaliste.
M. K.
Comment (14)