Un reportage du Monde décrit la grande misère qui sévit dans le nord du Maroc
Par Abdelkader S. – «Nous n’avons plus aucun revenu», crient les Marocains du Nord qui se plaignent de ce que l’arrêt de la contrebande a plombé l’économie dans cette région du royaume alaouite. «La fermeture de la frontière avec l’enclave espagnole de Ceuta pour cause de Covid-19, il y a un an, a mis fin au commerce atypique qui faisait vivre la région de Fnideq», rapporte le journal français Le Monde qui a dépêché un journaliste pour constater la situation intenable sur place.
Après le verrouillage hermétique de la frontière algérienne, les Marocains, abandonnés à leur sort par le Makhzen, survivent difficilement et font part de leur grand mécontentement en occupant la rue sous un blackout médiatique total. «Les habitants de la petite ville côtière de Fnideq ont manifesté pour la deuxième semaine» et organisé «un sit-in non autorisé avait été organisé devant la mosquée Mohammed-V, demandant la mise en place d’alternatives après l’arrêt de l’activité de contrebande au poste frontalier de Bab Sebta», écrit l’envoyée spéciale du Monde.
«Toute la région dépend des échanges avec Ceuta et Melilla, plus à l’est, et notamment de la contrebande», souligne le quotidien français qui fait parler des Marocains qui n’ont «plus aucun revenu». «Nous avons faim», témoigne une habitante de Fnideq qui se plaint de ce que «personne ne nous écoute, même pas au Parlement». «La rue, c’était notre dernier recours», explique-t-elle. Ces citoyens affirment ne pas quémander quelque aide et exigent «de vraies actions pour la création d’emplois». La misère est telle, décrit-on, que «certains ont vendu leur réfrigérateur, leurs matelas ou leurs vêtements pour pouvoir nourrir leur famille». Une association locale apprend à la journaliste que dans le souk local, 40% des commerces ont baissé rideau.
Les organisations marocaines des droits de l’Homme ont dénoncé l’arrestation de jeunes manifestants et leur condamnation par la justice, fustigeant «des autorités particulièrement agressives» et estimant que «ces jeunes n’ont rien fait de mal».
Fnideq est connue pour ses femmes portant de lourds sacs sur le dos et traversant la frontière avec l’Espagne, ployant sous quatre-vingt kilos de marchandises, poids maximum autorisé par les douanes espagnoles. Seul moyen de survie pour les habitants de cette ville qui affirment ne pas pouvoir vivre sans la contrebande. «Même si la crise n’a pas épargné l’économie de Ceuta, l’enclave espagnole reste, aux yeux de beaucoup, la seule issue», commente l’envoyée spéciale du Monde.
A. S.
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