Lyes Ksentini révèle une grave affaire de surfacturations et accuse un ex-député
Par Farida O. – Le chanteur Lyes Ksentini a jeté un pavé dans la mare, dans un passage sur le plateau d’une chaîne de télévision privée. Prié de confirmer ou d’infirmer une information selon laquelle il aurait refusé de valider le paiement de commandes surfacturées en tant que «cadre au ministère de la Jeunesse et des Sports», il a répondu par l’affirmative.
Les faits remontent au Jeux africains de 2017. Après avoir hésité un moment, l’invité de la chaîne a fini par lâcher le morceau, avec une pointe d’humour : «Normalement, avec l’amendement de la Constitution, je réponds et je ne risque rien.» «A vrai dire, il y avait plusieurs factures gonflées», a-t-il dit. «Un ancien ministre que je respecte beaucoup m’a fait l’honneur de placer sa confiance en moi. Il m’avait confié un grand département chargé de gérer les Jeux africains. Je m’occupais des cérémonies. Beaucoup de factures ont atterri sur mon bureau et beaucoup de gens venaient me voir, y compris un député en fonction», a-t-il révélé, en faisant allusion à des passe-droits.
«Sans me jeter des fleurs, je puis vous assurer que je suis Monsieur optimisation des deniers publics, je suis l’archange de la rationalisation des dépenses, du moins dans mon secteur, car je connais bien le coût des activités lyriques ou dramatiques», a assuré Lyes Ksentini. «J’ai refusé de signer et j’ai tout bloqué, mais j’ai appris dernièrement que ces factures sont passées malgré mon opposition», a-t-il asséné. «Ces factures étaient gonflées, j’ai émis des réserves mais elles ont été entérinées sur injonction», a-t-il déclaré en portant sa main à son oreille en signe de coup de téléphone reçu par un responsable quelconque qu’il n’a pas nommé.
«Il y a des factures salées, il y a eu des vices de forme, il y a des surfacturations, au début j’ai émis des réserves, puis nous avons procédé à leur annulation et, après l’invalidation, [ils] ont décidé de les réactiver et je m’y suis opposé», a insisté le cadre du ministère de la Jeunesse et des Sports, avant d’indiquer que «dernièrement, j’ai appris que ceux qui ont émis ces factures ont fini par encaisser l’argent d’une façon ou d’une autre». «Ma parole par rapport à ma loyauté envers l’ancien ministre est tombée à l’eau, je garde cependant la tête haute dans la mesure où j’ai fait mon devoir envers mon pays, envers mon travail, envers mon Dieu envers la responsabilité qui m’a été confiée», a souligné Lyes Ksentini, en révélant avoir été écarté du département en question et nommé dans une autre direction pour l’éloigner de ce secteur parce qu’il «le maîtrise bien». Il était donc devenu un élément gênant.
La justice va-t-elle s’autosaisir pour tirer au clair cette énième affaire de détournement de fonds dans un pays gangréné par la corruption et la rapine ?
F. O.
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