Aggravation de la situation sécuritaire : le nouveau Premier ministre libyen cherche le soutien de Rome
De Rome, Mourad Rouighi – Le nouveau Premier ministre libyen, Abdul Hamid Dbeibah, en dépêchant la semaine dernière certains de ses conseillers à Rome, pour une première prise de contact avec ses homologues italiens, comptait saisir l’occasion pour solliciter un soutien plus substantiel de la part d’un précieux allié ; un soutien renforçant le Conseil présidentiel transitoire et assurant ainsi la phase de transition et ce, dans l’attente d’élections politiques prévues pour décembre prochain.
Mais la tentative d’assassinat qui a pris hier pour cible l’influent ministre de l’Intérieur, Fathi Bachagha, a sonné à Tripoli comme un brusque réveil, rappelant que les bonnes intentions des uns et des autres ne suffisent pas pour faire oublier que la situation sécuritaire en Libye reste extrêmement précaire, le parti de l’instabilité jouissant toujours d’une excellente santé et d’une capacité de nuisance intacte.
Une donne que nul ne pourra ignorer dans les mois à venir…
En attendant, Abdul Hamid Dbeibah avait félicité la veille son homologue italien, Mario Draghi, l’assurant de son intention de renforcer les relations avec l’Italie et de discuter de la gestion des migrants, dossier hautement épineux et des questions portant sur le volet économique.
«Nous aspirons à relancer notre relation privilégiée avec l’Italie voisine, avec laquelle nous partageons de nombreux défis, notamment la gestion et l’organisation des flux de migrants», a-t-il assuré.
Avec l’Italie, «nous avons par ailleurs, de nombreuses opportunités d’intégration économique, que mon cabinet souhaite bientôt relancer».
Un appel reçu positivement en haut lieu à Rome, où il apparaît clairement que cette sollicitude du nouveau Premier ministre libyen permet à l’Italie de se repositionner dans ce pays.
«Le besoin d’un changement de perspectives, nous disait un expert italien au fait du dossier, était devenu impératif, vu que le choix de servir d’intermédiaire entre les deux prétendants, à partir d’une position d’équidistance, s’est avéré avec le temps, inefficace et sans issue.»
Mario Draghi, nous dit-on, appelé à gérer le dossier prioritaire des mesures liées au Covid-19, confiera les clefs du dossier libyen à son dynamique ministre des Affaires étrangères, Luigi di Maio, qui a toujours prôné une action étroitement coordonnée avec le voisinage immédiat, nommément Alger, Tunis et Le Caire, pour permette au pays de voir enfin le bout du tunnel et porter à terme la phase de transition, tout en convaincant les alliés de Khalifa Haftar que s’asseoir à la table des négociations est la seule issue pour sortir les belligérants de la logique du conflit.
Cette double action, nous assure-t-on, se fera autour d’une série d’initiatives politiques et diplomatiques, mais également économiques et sécuritaires, répondant précisément au sens du message transmis par Abdelhamid Dbeibah au nouveau gouvernement italien, visant à rappeler que Tripoli, qui fait face à une authentique invasion de migrants et de terroristes arrivés des quatre coins de la planète, attirés par ce sanctuaire qu’est devenu le pays, a urgemment besoin de l’aide internationale, seule voie à même d’éviter le démembrement du pays
Quant aux Libyens, dix ans après la guerre qui leur a été imposée, ils découvrent que leur avenir se décide désormais ailleurs, privés de tout et notamment des revenus des hydrocarbures qui auraient pu leur permettre, entre autres, de mieux faire face à la pandémie en cours.
En attendant des jours meilleurs.
M. R.
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