Les médias français encensent le Hirak et dénoncent le «relâchement» chez eux
Par Mohamed K. – Les médias français n’ont pas la même perception de la menace du Covid-19, selon que les gens se rassemblent en France ou en Algérie. Les températures clémentes et le soleil sont de retour après le froid glacial qui s’est abattu sur l’Hexagone, faisant que les gens sont sortis en nombre pour profiter du beau temps. Cela n’a pas été du goût des autorités politiques et sanitaires françaises qui, par le biais des chaînes de télévision, ont martelé à l’endroit des fêtards que tout manquement aux règles de distanciation sociale serait sévèrement réprimé.
Joignant le geste à la parole, les services de l’ordre ont effectué des descentes musclées dans plusieurs villes françaises où des jeunes ont décidé de braver les interdits en organisant des soirées dans des lieux «clandestins». Des restaurants ouverts «illégalement» sont fermés manu militari et toute entorse aux injonctions du pouvoir est directement suivie d’une amende corsée. C’est que, en France, contrairement à l’Algérie, «le temps n’est pas au relâchement». Les préfets sont fermes : les Français ne doivent en aucun cas «abandonner les efforts consentis ces derniers mois pour faire reculer l’épidémie». Ils précisent que «ces efforts devraient être maintenus sur les lieux de travail, sur les lieux de détente et en famille» et que, «au regard de l’évolution épidémiologique, la plus grande vigilance» est de mise.
Médias et autorités compétentes sont d’accord que «l’augmentation du nombre de cas et l’apparition de clusters sont souvent liées à un défaut de vigilance, voire à des comportements à risques, par exemple des regroupements en famille, entre amis, communautaires, des événements collectifs et festifs, etc.». Ils appellent les citoyens à «ne pas adopter de comportement à risque en présence de personnes vulnérables, notamment les personnes âgées» et les jeunes à «renforcer le respect des mesures barrières, notamment dans des cadres festifs», demandent à l’ensemble des Français d’«anticiper l’obligation du port du masque dans les lieux publics clos», recommandent «très fortement le port du masque à l’extérieur dans tout endroit à forte fréquentation» et annoncent le «renforcement des contrôles dans les espaces concernés par l’obligation du port de masques».
Que disent les médias français s’agissant des manifestations du 22 février dernier dans plusieurs villes algériennes ? Slimane Zeghidour annonce, un large sourire lui barrant le visage, que «le Hirak est toujours vivant en Algérie». «C’est un anniversaire et une renaissance», jubile-t-on à Paris. Qu’importe que l’épidémie soit encore là. En Algérie, que des dizaines de milliers de citoyens marchent collés les uns aux autres et fassent pleuvoir des postillons à verse en scandant leurs slogans, cela ne s’appelle pas un «relâchement» mais un «grand retour». Le collègue de Khaled Drareni à TV5 Monde parle clairement de «foules qui sont descendues dans la rue», se félicitant qu’il en ait été ainsi «dans plusieurs grandes villes et même Alger pourtant sanctuarisée», et tenant un discours exclusivement politique, sans aucune allusion au danger qu’une telle démarche de ceux qui ont appelé les Algériens à battre le pavé à nouveau fait courir au pays.
Les médias français ne s’encombrent pas d’appels à la vigilance dès lors qu’il s’agit de la santé des Algériens et ne se fatiguent pas à rappeler que les risques sanitaires qui ont concouru à la suspension du Hirak sont plus que jamais présents. Une catastrophe sanitaire qui ressurgirait en Algérie est le dernier de leurs soucis, les frontières françaises étant fermées. Cela rappelle, commentent des observateurs ahuris par cette attitude, les années de braise en Algérie, lorsque le terrorisme islamiste sauvage était cantonné aux frontières algériennes. Jusqu’à un certain octobre 1995.
Décidément, la vie d’un Algérien compte pour des prunes.
M. K.
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