Le sable emporté par le vent du désert algérien jusqu’en France est radioactif
Par Mohamed K. – Le sable à Reggane est toujours radioactif. C’est ce que nous apprennent des scientifiques français qui ont analysé les poussières parvenues jusqu’en France depuis le sud de l’Algérie par le sirocco. En effet, selon la chaîne de télévision publique française France 3, «les poussières de sable du Sahara [algérien] étaient porteuses de césium-137, résidu d’anciens essais nucléaires français». Pour France 3, ce nuage de sable jaune orangé «rappelle le passé».
«Du sable ramassé dans le massif du Jura a été analysé par un laboratoire près de Rouen, en Normandie. On y retrouve des traces des essais nucléaires français au Sahara au début des années 1960», rapporte la version online de la chaîne française, qui fait parler un spécialiste de la radioprotection à l’Université de Caen. «Ce jour-là (jour de pluie de sable, ndlr), c’était très étrange, nous avons chaussé les raquettes tôt le matin, la neige était blanche, au fil de la balade tout a changé, ça a duré toute la journée. J’étais avec des amis qui étaient inquiets en voyant ces poussières ocres recouvrir le sol», a-t-il affirmé.
La tempête de sable a déversé de fines particules et la neige et le ciel étaient devenus orange dans le massif du Jura, dans l’est de la France. Le scientifique a alors prélevé un échantillon sur sa voiture pour l’analyser. Il affirme qu’il a déjà eu à étudier en laboratoire du sable en provenance du Sahara [algérien]. «On y avait vu des traces de césium-137. Trente ans après, je ne savais pas si on en aurait encore des traces, à une si lointaine distance du Sahara», a-t-il fait remarquer, selon France 3, qui précise que «le résultat de l’analyse est sans appel, du césium-137 est clairement identifié». «Il s’agit d’un radioélément artificiel qui n’est donc pas présent naturellement dans le sable et qui est un produit issu de la fission nucléaire mise en jeu lors d’une explosion nucléaire», explique le scientifique français, qui a toutefois indiqué que ces traces de césium-137 «sont sans danger pour notre santé».
Sans danger à des quantités infimes parvenues en France après qu’une grande quantité s’est éparpillée dans l’air ou sans danger quelle que soit la quantité ? Le scientifique répond : «Le césium-137 a une période de vie de trente ans. Tous les trente ans, il perd la moitié de sa teneur radioactive. Au bout de sept cycles de trente ans, on considère qu’il ne reste que 1% de substances radioactives.»
«Dans cette étude, il n’était pas question de dire qu’il y a une mise en danger de la population, mais de rappeler ce qu’a fait la France et d’autres pays en termes d’essais nucléaires. Au Sahara, dans le Sud algérien, la population vit avec ces traces de césium-137 au quotidien, certains terrains sont toujours fortement contaminés, cela donne une idée de la contamination de l’époque», a rappelé Pierre Barbey. Tandis que pour France 3, «derrière le nuage de sable du Sahara qui a traversé le ciel début février et fait le bonheur des réseaux sociaux avec ses images aux tons incroyablement orangés, l’histoire est un peu moins belle».
M. K.
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