Des imams opposés au Hirak malmenés et remplacés : comme au temps du FIS
Par Mohamed K. – La chasse aux imams anti-Hirak est ouverte. Les islamistes réinvestissent les mosquées comme au temps du FIS, au milieu des années 1980 jusqu’à étendre leurs tentacules à l’ensemble de la sphère cultuelle dans le pays. Ce vendredi, nous apprennent des sources concordantes, l’imam d’une mosquée de Bab El-Oued, dans la capitale, fief du FIS dans les années 1990, a été sommé de quitter le minbar, accusé de «distiller des idées contre le Hirak dans ses prêches». Il sera remplacé par un autre «imam» qui se lancera dans des diatribes incendiaires contre l’armée et les services de sécurité.
«Manifestement, l’ex-FIS est de retour dans de nouveaux habits», commente une source qui estime que ce qui vient d’arriver à Bab El-Oued «confirme la récupération du mouvement de contestation populaire par les islamistes cachés derrière un pseudo-combat pour les droits de l’Homme». De nouveaux slogans lancés à partir de Londres, Paris et Genève tendent à pousser à la confrontation entre les citoyens et les forces de l’ordre, tout en déguisant ces appels insidieux drapés dans des exhortations à «maintenir le caractère pacifique du Hirak».
Des fissures sont apparues dans le mouvement de contestation après qu’une figure de proue, pourtant proche du FIS et de son ancien numéro deux, eut été empêchée de participer à la marche de Kherrata, le 16 février dernier, qui devait sceller la reprise des manifestations à travers tout le pays le lundi 22 février, date anniversaire de l’occupation de la rue par des millions de citoyens qui s’opposaient au cinquième mandat de Bouteflika imposé par son vice-ministre de la Défense.
Le Hirak est traversé par plusieurs courants mais, comme en octobre 1988, les islamistes ont fait main basse sur le mouvement de contestation par le biais du satellite de l’ancien parti extrémiste dissous, représenté par Larbi Zitout et Mourad Dhina, notamment, ainsi que quelques transfuges du FFS basés à Paris. Un animateur du Hirak dans la capitale britannique a dénoncé, dans un témoignage, les velléités hégémoniques de Rachad, qui cherche à accaparer le mouvement et à s’autoproclamer représentant unique de l’opposition radicale.
«Lors d’un débat par Internet, que j’avais animé avec Larbi Zitout et Larbi Zouaïmia, ce dernier a reproché à son interlocuteur de s’en prendre injustement à Sofiane Djilali et lui a demandé de respecter l’avis contraire, d’autant que ce dernier est dans l’opposition au pouvoir en place. Zitout a alors expliqué qu’il en voulait à Sofiane Djilali pour avoir critiqué la rencontre de Sant’Egidio en 1995», a témoigné Abdallah Bahlouli qui dit avoir demandé à Zitout pourquoi il tenait à revenir en arrière alors que le Hirak «regarde devant» et vise à construire une Algérie démocratique.
Rachad dévoile ainsi son véritable visage, celui d’un FIS lifté mais dont l’esprit fanatique demeure intact. Le militant basé à Londres a également révélé comment Rachad s’attaque à tout citoyen algérien qui voudrait casser le monopole de la collecte de l’argent et du financement des marches et des manifestations en Algérie. On se souvient que l’essentiel des fonds destinés aux groupes islamistes armés en Algérie durant la décennie noire étaient récoltés à Londres. Il s’avère que Larbi Zitout a joué un rôle central dans cet acheminement de l’argent aux terroristes qui s’en servaient pour équiper les laboratoires de fabrication de bombes et se doter en moyens de télécommunications sophistiqués.
M. K.
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