Russia Today révèle : l’absence de touristes algériens affame les Tunisiens
Par Farida O. – «Depuis la fermeture des frontières au mois de mars de l’année dernière, notre activité a énormément baissé. On travaillait beaucoup avec nos voisins algériens, du coup, aujourd’hui, on ne travaille quasiment plus. Il arrive parfois que je ne vende aucune pièce pendant toute une semaine. Il ne nous reste aujourd’hui plus que la patience.» C’est un véritable appel au secours que lance cet artisan ébéniste tunisien, suite à la fermeture des frontières d’Algérie qui a eu un impact catastrophique sur les villes de Tabarka et Aïn Drahem.
Russia Today s’est déplacée dans le nord-est de la Tunisie pour y constater de visu la grave crise économique et sociale induite par l’absence de touristes algériens depuis près d’une année. «Au nord-ouest de la Tunisie, à la frontière avec l’Algérie, Tabarka et Aïn Drahem semblent comme figées. Cette région de villégiature, prisée pour son calme et son tourisme écologique, sombre jour après jour dans la détresse économique», commente le journaliste de la chaîne russe, qui constate qu’«hôteliers, artisans et commerçants ferment à tour de rôle face à l’absence de touristes due à la crise sanitaire du Covid-19 et plus particulièrement à l’absence des voisins algériens qui représentent plus de 50% des touristes de la région».
Le Nord-Ouest compte une dizaine de grands hôtels qui font vivre une grande partie de la région. Depuis la révolution de 2011 puis la crise du Covid-19, quatre grands complexes ont fermé leurs portes, rapporte la chaîne russe qui fait parler des travailleurs qui «regrettent la fermeture des frontières avec l’Algérie». «Nous sommes au chômage technique depuis septembre et bien avant même. On n’avait travaillé que les mois de juillet et août depuis le début de la crise au mois de mars», s’est plaint une employée victime de cette situation. «Avec la fermeture des frontières avec l’Algérie, les conséquences se sont alourdies car les Algériens passent toujours par notre région, pas seulement pour les vacances, mais aussi pour faire leurs achats et profiter de nos marchés», a-t-elle souligné. «Du coup, les hôtels fonctionnent, les magasins fonctionnent, et même les petits commerçants, les épiciers et les vendeurs de légumes profitent de cette clientèle algérienne», a déploré cette dame qui insiste sur le fait que «depuis cette fermeture, les conséquences sont lourdes pour tout le monde».
Son collègue abonde dans le même sens et peine à cacher sa colère : «Sur les quatre hôtels qui ont fermé, on comptait pas moins de sept cents salariés, c’est un secteur qui nourrit beaucoup de familles ici. Depuis la révolution et encore plus à cause du Covid-19, beaucoup sont aujourd’hui au chômage et sans indemnités.»
Interrogé, le commissaire régional au tourisme n’en pense pas moins. «Selon les statistiques, les touristes algériens d’avant-Covid-19 représentaient environ 2 800 000 personnes, parmi eux 1 200 000 transitaient par la frontière avec Tabarka. Nous avons constaté, en 2020, une influence négative sur l’économie de la région, notamment depuis que notre voisin algérien a fermé ses frontières.» «Les touristes algériens, a-t-il poursuivi, avaient un grand rôle sur l’économie de notre région. Nous avons remarqué que beaucoup d’artisans et de petits commerces avaient un contact direct avec ces voyageurs qui avaient l’habitude de s’arrêter fréquemment dans leurs stands. Ils souffrent aujourd’hui de cette fermeture», a-t-il déploré.
F. O.
Comment (20)