Révélation des salaires des ex-membres du CNT : pourquoi maintenant ?
Contribution du Dr Aziz Ghedia – Une amie qui connaissait mon appartenance politique, pour me narguer peut-être, m’envoya, via Messenger, la dernière publication d’un site où il est fait un parallèle entre la retraite de l’ancien magistrat Benyoucef Mellouk, qui avait passé un temps fou à traquer les faux moudjahidine, et celle de Sofiane Djilali, en tant qu’ancien membre du Conseil national de transition (CNT) qui «n’a jamais travaillé».
J’ignorais, jusqu’ici, que ces anciens députés, désignés à l’époque par leurs partis respectifs à l’appel du président Zeroual pour éviter que les institutions étatiques – dont le Parlement évidemment – ne s’effondrent sous les coups de boutoir du terrorisme, continuaient à percevoir intégralement leur salaire. Et comment pourrait-il en être autrement, sachant que la transparence n’a jamais été une vertu des pouvoirs publics en Algérie ? Il était de notoriété publique que les anciens ministres finissaient par s’établir, pour la grande majorité d’entre eux, en «métropole parisienne» ou ailleurs, totalement pris en charge par le Trésor public algérien. Indirectement, bien sûr. Mais, en ce qui concerne les anciens députés de la période du CNT, d’avant ou d’après, la vox populi n’a jamais ne serait-ce que susurré quoi que ce soit.
Toujours est-il qu’en réponse à mon ami, j’ai écrit ceci : «Actuellement, il y a une lutte sans merci entre certains partis politiques impliqués dans le Hirak et certains résidus de l’ancien régime, PFLN entre autres, qui ne veulent pas s’en aller aussi facilement. Ils essaient alors de ternir l’image de Sofiane Djilali, parce qu’il est bien en vue sur la scène politique. C’est un sénateur du FLN qui a exhumé cette vieille histoire des députés du CNT qui continueraient à toucher leur salaire. Pourquoi maintenant ? Il faut se poser des questions.»
Une chose est sûre : le parti Jil Jadid et son chef, Sofiane Djilali, font actuellement l’objet de tirs groupés provenant des anciens partis du pouvoir qui se voient de plus en plus relégués au second plan, pour ne pas dire carrément ignorés par le président Tebboune, et d’autres partis de l’opposition qui campent sur leur position de «phase de transition», de constituante et, surfant sur le Hirak, rejettent tout dialogue.
Le vendredi 26 févier, je suis sorti au Hirak, à Alger, et j’ai pu me rendre compte qu’il nous reste encore beaucoup de chemin à faire pour aboutir à un véritable Etat de droit. J’ai pu me rendre compte aussi que la côte de popularité de Jil Jadid est au plus bas. J’ai eu des discussions avec des gens et je peux dire que, dès qu’on se présente comme militant de Jil Jadid, la réaction des gens n’est que méfiance et rejet. Cela m’a fait mal au cœur d’autant plus que Jil Jadid était le précurseur du Hirak. Aujourd’hui, les gens nous font le reproche d’avoir «prêté allégeance» au nouveau pouvoir. Or, rien n’est plus faux.
Dans un précédent article concernant Jil Jadid, j’avais conclu ainsi : «Aujourd’hui, le pays a besoin de se reconstruire sur des bases solides et saines. Ce à quoi s’attelle le parti Jil Jadid, conscient du fait qu’il y a bien une différence entre régime et Etat, d’une part, et entre compromis et compromission d’autre part.»
C’est toujours la politique de Jil Jadid. Malgré les critiques et les attaques qui le cernent de toutes parts sur les réseaux sociaux et ailleurs.
A. G.
Membre fondateur de Jil Jadid.
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