Les progressistes doivent se démarquer !
Contribution de Samir Bouakouir – La ligne de fracture n’est pas entre le peuple et le pouvoir, ni l’un ni l’autre ne sont monolithiques. Elle l’est entre ceux qui veulent construire le changement avec des moyens pacifiques, institutionnels et politiques, et ceux qui veulent entretenir l’immobilisme, créer un climat délétère et anxiogène et tenter de provoquer l’affrontement et la violence pour replonger le pays dans l’avant-22 février 2019 ou dans les années 1990.
Il est temps pour les patriotes et plus généralement les militants de la démocratie et du progrès, notamment ceux engagés dans le mouvement populaire, de se démarquer clairement, au risque d’être complices, et de dénoncer ce dangereux magma qui attise la colère populaire et qui cherche à dévoyer les légitimes aspirations des Algériennes et des Algériens à la paix, à la liberté et à la justice sociale.
Un magma formé d’une alliance objective et contre nature entre anciens «oligarques» de la ‘issâba forts de leurs relais toujours présents au sein des appareils d’Etat, des leaders autoproclamés du Hirak, plus soucieux de préserver une fausse notoriété que de servir l’intérêt national, des détracteurs de l’Etat social, des islamistes radicaux, affichés en tant que tels ou dissimulés à l’étranger derrière cette notion ambiguë d’«Etat civil», déjà instrumentalisée par ce sbire du «clan Bouteflika», Amar Saïdani, et, enfin, des partisans du séparatisme, au nord mais surtout au sud du pays, là où sont concentrées les richesses naturelles de l’Algérie convoitées par les puissances étrangères.
Il est grand temps aussi pour le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, de faire preuve d’efficience politique, d’assainir son entourage pour faire place nette aux compétences désireuses de servir le pays et non de se servir ou de comploter et d’apaiser la situation en évitant de céder à la tentation contre-productive d’inventer de nouveaux dispositifs juridiques absurdes et répressifs.
La maîtrise de la situation politique et sécuritaire passe par des initiatives fortes susceptibles d’impulser une vraie dynamique politique, institutionnelle et électorale. Du stade de simples consultations, il faudra passer à celui du vrai dialogue avec les élites et les forces politiques et sociales crédibles pour construire un puissant front intérieur.
La mise en échec de toutes les manœuvres dilatoires, ouvertes ou occultes, visant à mettre face à face l’armée et une rue exposée à toutes les manipulations, à internationaliser la crise politique et tenter ainsi de reproduire en Algérie les scénarios cataclysmiques libyens ou syriens, est à ce prix.
S. B.
Ancien premier secrétaire du Front des Forces socialistes (FFS)
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