Comment le FIS se sert des supporters de foot comme carburant pour le Hirak
Par Houari A. – Tout le monde l’aura remarqué. De semaine en semaine, le nombre de femmes et de politiciens chevronnés dans les marches du vendredi rétrécit comme une peau de chagrin, laissant place à des vagues de supporters de football qui, à Alger en tout cas, convergent vers l’artère principale de la capitale, venant des quartiers populaires de Bab El-Oued (MCA), Soustara (USMA), Belouizdad (CRB) et El-Harrach (USMH) pour, comme disent les habitués de ces rendez-vous chantants, «mettre de l’ambiance». C’est, faut-il le rappeler, à partir des gradins du stade de Omar-Hammadi de Bologhine que les premiers chants anti-pouvoir ont retenti, appris par cœur et repris en chœur par des milliers de fans du club algérois, étonnement financé alors par Ali Haddad. Le mystère demeure total à ce jour.
Les lanceurs du mouvement de contestation populaire, bien avant le 22 février 2019, ont été écartés les uns après les autres, voués aux gémonies, jetés en pâture et, finalement, expulsés du Hirak dont ils ont été pourtant les initiateurs. En lieu et place de cette catégorie d’Algériens qui menaient la cadence au début, lorsque le Hirak avançait des revendications logiques et réalisables, des centaines de milliers de jeunes sont appelés en renfort par les agitateurs du FIS, activistes au sein de Rachad, à partir de Londres, de Paris, de Genève et de l’intérieur du pays, pour scander des slogans dont ils ne comprennent même pas le sens.
En effet, comment des jeunes qui n’ont pas vécu la décennie noire peuvent-ils comprendre ce qu’il s’est passé durant les années de braise, s’engouffrant inconsciemment et par ignorance dans la brèche que leur ouvrent leurs manipulateurs ? Le Hirak est, ainsi, passé d’une revendication d’un Etat démocratique et d’un changement radical du système de gouvernance à l’absolution des crimes des terroristes islamistes durant les années 1990. Ce revirement, prévisible du reste, fait s’interroger plus d’un sur le chemin que le Hirak est en train de prendre, malgré lui, tant une poignée de péroreurs, qui refusent que le mouvement de contestation soit représenté, n’en ont pas moins accaparé le micro pour s’en autoproclamer porte-parole de fait.
Le Hirak est désormais définitivement entre les mains du FIS ou, du moins, des nostalgiques des années de braise qui, sachant pertinemment que la rue ne réussira pas à déboulonner le système et que, au contraire, elle ne fait que l’enraciner davantage, poussent au pourrissement et à la confrontation, tout en simulant une volonté de préserver le caractère pacifique de la protesta. Pourtant, entre les causeries quotidiennes des animateurs de Rachad à l’étranger qui incitent à la violence et le discours «antimilitariste» des orateurs à l’intérieur du pays, il semble y avoir une distribution des rôles, l’objectif étant le même : attendre que le pays s’embrase mais que la mèche soit allumée par le pouvoir.
En face, l’apathie d’un gouvernement inexpérimenté, hétérogène, incohérent, formé de ministres dont une bonne partie a été cooptée sous l’ère Gaïd-Salah par ses collaborateurs aujourd’hui en prison pour haute trahison, conforte le sentiment de faiblesse de l’Etat et de ses institutions vacillantes, hormis l’armée, cible privilégiée des concepteurs de slogans dans les officines secrètes des capitales britannique, française et suisse. C’est parce que l’Armée nationale populaire a su corriger les graves fautes commises par les quelques généraux véreux qui l’ont prise en otage après la déchéance de Bouteflika que celle-ci est attaquée de toute part. Pour ce faire, Zitout et sa bande inoculent le virus du «qui tue qui» à une jeunesse en colère qui a le droit d’exprimer son désarroi et son désir de changement, mais néanmoins malléable à merci car formée à l’école de Facebook et de YouTube sans aucun recul, discernement ou intellection.
H. A.
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