Pierre Audin dévoile la partie en France que l’ouverture des archives dérange
Par Houari A. – Le fils de Maurice Audin a accusé le ministère de la Défense français d’enfreindre la loi s’agissant des archives. «On constate que le SGDSN, le secrétariat général à la défense et la sécurité nationale, qui est une espèce d’officine secrète qui travaille auprès du Premier ministre, a décidé de ne pas appliquer la loi concernant les archives et de faire une règle administrative très compliquée», a dénoncé Pierre Audin dans un entretien à France Info. «La loi de 2008 dit qu’au bout de 50 ans les archives sont consultables», a-t-il expliqué, en précisant qu’«il y a quelques exceptions, par exemple des dossiers de santé, des choses comme ça, mais autrement, les archives sont consultables quoi qu’il arrive, qu’il y ait un tampon secret défense ou pas dessus».
Pierre Audin a rappelé qu’en septembre 2018 Emmanuel Macron «n’a pas seulement reconnu cet état de torture et assassinat [de Maurice Audin], il a aussi annoncé qu’il allait ouvrir des archives pour l’ensemble des disparus de la guerre d’Algérie, en précisant qu’il s’agirait aussi bien des civils que des militaires, des Français que des Algériens». «Ça faisait beaucoup de monde pour les huit années de la guerre d’indépendance. Là, concrètement, au lieu de faire cette ouverture de toutes les archives concernant tous les disparus, il a, en 2019, simplement fait un décret concernant Maurice Audin et rien que lui», a-t-il regretté.
Interrogé sur le corps de son père qui n’a jamais été retrouvé et sur la possibilité que cette information «figure quelque part dans l’une de ces archives», le fils de Maurice Audin a fait part de son scepticisme. «Personnellement, je serais assez étonné qu’elle y figure, parce que les militaires ont fait tout ce qu’il fallait pour faire disparaître toute trace», a-t-il répondu. «A l’époque, quand on disait que quelqu’un s’était évadé, c’était clair que la personne avait été assassinée. Là, dans le cas de Maurice Audin, je crois que c’est la seule fois, ils ont été jusqu’à la scène de l’évasion», a-t-il ajouté, en estimant qu’«il est tout à fait clair que pour Maurice Audin, il y a peu de chances qu’on en trouve des traces dans les Archives nationales» et que cela pourrait se trouver plutôt dans les archives de Massu «qui avait obtenu des pouvoirs de police pour faire cesser les actions du FLN».
«Par contre, a encore affirmé Pierre Audin, des milliers d’autres ont des traces dans les archives parce que les militaires sont de gros producteurs de paperasse.» S’il dit comprendre que des documents soient classés «secret défense», il n’en pense pas moins que «les cinquante ans sont largement passés et donc il n’y a pas de souci». Pour lui, «le président de la République devrait être garant de la loi qui a été adoptée par la représentation nationale et devrait dire tant qu’il n’y a pas une autre loi, c’est cette loi qui s’applique».
A. A.
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