Nekkaz en voie d’être excommunié du Hirak pour avoir appelé au dialogue
Par Abdelkader S. – Rachid Nekkaz est à deux doigts de rejoindre la longue liste des figures de proue du Hirak qui en ont été éjectés pour avoir voulu proposer des voies de sortie à la crise politique qui perdure depuis plus de deux ans et qui paralyse le pays. La dernière déclaration de l’homme d’affaires, qui vient tout juste de sortir de prison, n’a pas été du goût de la dizaine d’individus qui se sont autoproclamés tuteurs du mouvement de contestation populaire.
En effet, Rachid Nekkaz a appelé à ouvrir un dialogue avec le président Tebboune, lors d’une intervention qu’il a faite il y a deux jours, en pleine rue, après que les autorités lui ont interdit d’animer une conférence de presse. Rachid Nekkaz s’en trouve ainsi pris entre le marteau des têtes de file du Hirak et l’enclume du pouvoir. L’ancien prétendant à la présidentielle française, qui a abandonné sa nationalité pour se consacrer à la politique dans son pays d’origine, a affirmé que la seule solution pour en finir avec cette situation résidait dans une décrispation du climat car, a-t-il dit, «que le président de la République soit légitime ou non, on n’a pas d’autre choix que de discuter avec lui parce qu’il est le représentant de l’Etat».
Une déclaration qui a fait jaser les meneurs de ce qui reste du mouvement populaire qui ont tout de suite lancé leurs cyber-activistes dans une attaque frontale contre l’auteur de ces propos qui menacent le «trône» de ceux qui se voient déjà aux commandes du pays. Auparavant, un des représentants du Hirak avait fait part de son inquiétude quant à la tournure prise par les événements au sein du mouvement de contestation, en appelant les manifestants à ne pas dévier de la voie tracée au démarrage de la protesta en février 2019.
Ces tiraillements à la tête du mouvement de contestation ont atteint leur paroxysme à Paris où, dimanche dernier, les participants se chamaillaient pour prendre la parole, se chahutant les uns les autres. Un immense fossé a été constaté entre plusieurs tendances au sein du Hirak en France. Les uns dénoncent clairement les slogans portant atteinte aux services de sécurité, tandis que d’autres persistent à vouloir imposer les slogans du FIS via son organisation satellite Rachad. D’autres encore ont fustigé l’idéologisation du mouvement et les dérives qui l’émaillent.
Quelque temps auparavant, c’est un organisateur du Hirak à Londres qui mettait à nu la volonté manifeste de Rachad de soumettre le mouvement à ses désidératas. Le 8 mars dernier, c’était au tour des femmes, de moins en moins présentes dans les manifestations de vendredi, d’exprimer leur rejet de toute instrumentalisation idéologique du Hirak, en brandissant le slogan «ni Etat militaire ni Etat islamiste». Un message clair au FIS qui cache de moins en moins son jeu dans l’instabilité politique actuelle.
A. S.
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