Islam et immigration : ce que prévoit Marine Le Pen si elle est élue en 2022
Par Nabil D. – La présidente du Rassemblement national (extrême-droite) se donne une année pour, dit-elle, «convaincre un certain nombre de Français qui ont été inquiétés par des propositions qui n’étaient pas les miennes, par une vision qu’on m’accordait et qui n’était pas la mienne, par des idées qui n’étaient pas les miennes». «Donc à charge pour moi, pendant un an, de leur expliquer ce en quoi je crois, ce que je souhaite faire, avec qui je souhaite le faire et dans quel objectif», a-t-elle affirmé dans un entretien à la chaîne d’information française BFMTV.
Il n’était évidemment pas possible que Marine Le Pen ait été invitée à s’exprimer sans que soit abordée la question de l’islam, de l’islamisme et de son corolaire, le voile. «Je souhaite que le voile soit interdit dans l’espace public. Je pense que le voile est non seulement un élément de soumission de la femme, mais que c’est un outil politique d’appropriation du territoire, c’est un combat de la visibilité que mènent les islamistes, en fait», a-t-elle souligné. «C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les pays musulmans laïcs avaient interdit le voile. C’est aussi la raison pour laquelle, d’ailleurs, la première chose que les islamistes ont faite quand ils ont gagné le pouvoir dans les pays musulmans a été précisément d’imposer le voile», a-t-elle renchéri.
«Le signal que je veux lancer, c’est que le voile est interdit parce que le voile, encore une fois, est un outil utilisé par les islamistes en se servant des femmes contraintes, forcées ou volontaires pour imposer cette idéologie», a insisté la candidate à l’élection présidentielle française de 2022, qui assure faire «la distinction entre islam et islamisme», parce qu’elle «considère que l’islam est une croyance adossée à une religion et que l’islamisme est une idéologie, comme le nazisme et comme le racisme». «Il doit donc être interdit tout le temps et en tout lieu», a-t-elle décrété, en estimant que «beaucoup considèrent qu’en réalité, l’islamisme est une dérive de l’islam, de la même manière que, parfois, il est arrivé que des sectes en appellent à telle ou telle religion, ou à telle ou telle opinion politique».
Marine Le Pen, dont le parti a présenté une proposition de loi au Parlement, a indiqué qu’elle «essaye d’être en même temps juste et efficace». Commentant le texte sur les séparatismes qui vient d’être adopté par l’Assemblée française après une longue polémique, la présidente de l’ex-Front national a justifié le choix de l’abstention de sa formation politique, contrairement aux républicains qui s’y sont opposés, par le fait que celle-ci «contient quelques mesures qui m’apparaissaient aller dans le bons sens, les mesures qui protégeaient notamment les fonctionnaires des services publics des tentatives d’intimidation qui pouvaient être formulées contre eux». Cependant, Marine Le Pen n’a pas manqué de tirer à boulets rouges contre les concepteurs de cette loi qui «rate complètement sa cible» et qui «n’aura aucune influence sur le développement du fondamentalisme islamiste».
Reprochant à Emmanuel Macron de ne pas suffisamment verrouiller les frontières, l’invitée de BFMTV s’est dit favorable à la «maîtrise nationale» de celles-ci. «Il faut limiter la libre circulation exclusivement aux nationaux des pays européens et faire en sorte que ceux qui ont une autorisation de séjour dans tel ou tel pays, qui sont demandeurs d’asile, ne puissent pas se balader dans l’intégralité des pays européens», a-t-elle argué.
Marine Le Pen, qui a pris l’exemple d’un journaliste qui a été agressé à Reims par un Algérien détenteur d’une autorisation de séjour espagnole, a appelé au rétablissement des contrôles aux frontières terrestres. «En ce qui me concerne, je souhaite maîtriser totalement les accords bilatéraux que nous pourrions passer avec les différents pays. Cela veut dire que je ne m’interdis pas, demain, de passer un accord bilatéral de libre circulation, ce que je veux, c’est que nous ayons la liberté de choisir ; or, avec Schengen, nous n’avons pas cette liberté», a-t-elle fait savoir.
Marine Le Pen talonne le Président sortant dans les sondages, et les observateurs de la scène politique française sont pratiquement unanimes à considérer la présidente du Rassemblement national comme la candidate favorite à l’Elysée devant les candidats potentiels que sont l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, l’actuel ministre des Finances, Bruno Le Maire, l’ex-ministre socialiste Arnaud Montebourg, l’insoumis Jean-Luc Mélenchon, l’actuelle maire de Paris, Anne Hidalgo, ou encore la très ambitieuse ministre de la Justice sous Nicolas Sarkozy Rachida Dati.
N. D.
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