Les paysans marocains expulsés payent l’arrogance du Makhzen et ses médias
Par Kamel M. – La version est la même de part et d’autre de la frontière. Les paysans marocains qui ont été priés de quitter le territoire algérien avant ce jeudi ne nient pas que les terres qu’ils occupent ne soient pas marocaines. Ce qui a changé, c’est la tolérance zéro de l’Algérie à l’égard du Maroc depuis que le régime de Rabat s’est engagé dans un certain nombre d’entreprises ouvertement hostiles à son voisin de l’Est.
Ce qu’il se passe à l’extrême-ouest de Béni Ounif est la conséquence logique de la normalisation du Makhzen avec l’entité sioniste. Bien que déjà verrouillées par les services de sécurité pour juguler le trafic de drogue, les frontières avec le Maroc sont appelées à connaître un nouveau tour de vis pour éviter toute infiltration d’agents israéliens sur le territoire national. En somme, les paysans marocains qui devront «se replier» derrière la frontière qui sépare Béchar de Figuig payent pour l’arrogance du Makhzen et de ses médias, et c’est à lui qu’ils s’en prennent, d’ailleurs, en exigeant des autorités politiques centrales marocaines d’intervenir pour les aider à se réinstaller du côté marocain de la lisière.
Les médias du Makhzen crient au «scandale» et «dénoncent une nouvelle vague d’expulsion de Marocains», au moment où Rabat se mure dans un silence gêné, se contentant de démentir que l’armée algérienne se soit introduite sur le territoire marocain. Un démenti qui vise moins à éviter une escalade qu’à montrer à l’opinion publique marocaine qu’il n’y a pas lieu d’intervenir sur place pour «repousser l’invasion ennemie». L’armée marocaine n’aurait tout simplement pas les moyens d’affronter le colosse algérien, quand bien même il solliciterait l’aide habituelle de la France – qui ne s’y risquerait pas –, des Emirats arabes unis et d’Israël.
Les faits ont été expliqués dans le détail par les paysans marocains eux-mêmes dans des médias de leur pays, d’habitude hostiles à l’Algérie mais qui, dans ce cas d’espèce, n’ont eu d’autre choix que de se rendre à l’évidence. Leur seul regret est que ces agriculteurs doivent «faire leurs bagages pour quitter les terres qu’ils ont cultivées de père en fils» car «l’Algérie leur a rappelé que le territoire relevait de sa souveraineté». Ces médias indiquent qu’ordre a été intimé à ces Marocains de quitter les lieux comme il leur a été enjoint par la partie algérienne.
Si les exploitants des dattiers avancent l’argument géographique selon lequel «le traçage frontalier n’est pas le même que celui convenu entre le Maroc et l’Algérie», il n’en demeure pas moins que l’accord passé entre Boumediene et Hassan II en 1972 est consigné dans les documents officiels des deux pays et il ne souffre aucune ambiguïté, même si, côté marocain, on essaye de jouer sur les mots pour justifier l’injustifiable. Les agriculteurs marocains se demandent pourquoi ils n’ont jamais été inquiétés depuis des décennies. Une question à laquelle les autorités marocaines répugnent à répondre, car elles savent pertinemment pourquoi ces victimes de leur impudence seront contraintes d’abandonner quelque 15 000 palmiers très lucratifs et rejoindre les cohortes de sujets marocains qui ploient sous le poids de la misère.
Nous verrons comment ces ressortissants marocains vont réagir ce jeudi.
K. M.
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