Silence de RSF et des médias français sur le «Khaled Drareni» marocain
Par Houari A. – Reporters sans frontières (RSF) et les médias français observent un silence complice au moment où un journaliste marocain a entamé une grève de la faim il y a plus de dix jours et que sa vie est en danger. Un appel «urgent» a été lancé par un comité de soutien à Maâti Monjib, historien, universitaire, journaliste et défenseur des droits humains franco-marocains, arrêté arbitrairement en décembre dernier. Le détenu d’opinion subit des persécutions qu’il décrit dans un communiqué qu’il a pu rendre public.
«Il est urgent d’intervenir auprès des autorités françaises», alerte le comité de soutien dans un texte signé par Bachir Ben Barka, lequel comité rappelle que Maâti Monjib a déjà mené une grève de la faim de 24 jours en octobre 2015 «qui lui avait permis de reconquérir ses droits mais qui a eu des conséquences sérieuses sur sa santé».
«Maâti Monjib a entamé cette grève de la faim pour dénoncer l’arbitraire et dire à l’opinion nationale et internationale qu’il est innocent, que la vérité et la justice sont plus importantes que sa propre vie», souligne le comité qui interpelle le président Macron et le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, pour «sauver» le journaliste emprisonné au Maroc, «assurer sa protection en tant que citoyen français» et «exiger des autorités marocaines sa libération immédiatement et sans conditions».
Dans son appel, le journaliste franco-marocain explique qu’il observe cette grève de la faim pour protester contre son arrestation arbitraire le 29 décembre 2020, «soit 24 heures avant la tenue dans le plus grand secret» de l’audience dans le cadre du procès qui lui est intenté depuis 2015 pour «atteinte à la sécurité de l’Etat». Audience à laquelle il affirme ne pas avoir été convoqué, pas plus que ses avocats qui n’en avaient pas été informés. Ce procès a été reporté «systématiquement» jusqu’à son arrestation et a fini par le condamner par contumace. «Cette arrestation arbitraire visait à me condamner en mon absence pour que je ne puisse pas me défendre», précise-t-il.
Autre raison qui a poussé le journaliste à recourir à cette solution ultime, l’intervention illégale du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, en déclarant son approbation du verdict prononcé contre lui par contumace et «en influençant les juges» sachant que son dossier «est toujours en cours devant la justice». «Ceci constitue un précédent dans l’histoire de la justice marocaine», relève-t-il, en dénonçant la «diffamation» qui le frappe ainsi que sa famille «de la part des médias officiels et ceux dépendant des services sécuritaires, en violation flagrante de [ma] dignité et de la présomption d’innocence».
«Je déclare à l’opinion publique nationale et internationale que je suis totalement innocent des accusations fallacieuses qui visent à saper ma crédibilité en tant que journaliste et écrivain d’opinion. La raison de toute cette persécution est à chercher dans mes écrits critiques à l’égard du régime et sa police politique et dans mes activités de défense des droits humains, comme mon soutien aux détenus du mouvement Hirak du Rif et aux journalistes détenus injustement sous couvert de crimes de droit commun», conclut le journaliste franco-marocain, complètement ignoré par RSF qui maintient la gigantesque bâche, quai d’Ivry, portant l’effigie du journaliste algérien Khaled Drareni et qui appelle toujours à sa libération bien qu’il ait été remis en liberté depuis plusieurs semaines.
Un deux poids, deux mesures qui révèle au grand jour la soumission de l’organisation fondée par Robert Ménard et des médias français au régime dictatorial de Rabat et à la monarchie prédatrice qui l’incarne.
H. A.
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