Déploiement italien au Sahel : baptême de feu stratégique pour Mario Draghi
De Rome, Mourad Rouighi – Confirmant son engagement militaire en Afrique dans le cadre des missions de maintien de la paix, l’armée italienne, selon des sources informées, parachèvera dans les prochains jours son déploiement dans la région du Sahel, en soutien de la mission française Barkhane, mais également au sein de Task Force Takuba, une mission internationale voulue par Paris, qui vise à former les troupes du Mali, du Niger et du Burkina Faso, donnant ainsi un coup de main aux troupes françaises stationnées dans la région. Ce déploiement accompagne celui d’autres contingents qui ont décidé de se positionner dans cette région à partir des débouchés maritimes d’Afrique de l’Ouest.
Un choix, nous dit-on à Rome, dicté par deux motivations : la lutte contre les diverses branches du terrorisme africain et le besoin de tarir les sources de la déferlante des migrants, que les experts italiens ont appris ces dernières années à situer précisément dans la région sub-saharienne.
Sur le plan militaire, la région du Sahel est un territoire qui ne laisse aucune issue, nous disait un expert le mois dernier, c’est pour cela que nombre de pays se sont résignés à défendre sur place leurs intérêts stratégiques, du contrôle des routes migratoires, à l’uranium, en passant par la lutte contre le terrorisme islamique et à la zone d’influence de certaines capitales en Afrique ; autant de facteurs et objectifs derrière cette mission, a-t-il souligné.
L’Italie, qui est géographiquement exposée, nous disait-il, se devait d’agir pour sécuriser son flanc sud et participer à des missions qui ont pour but de permettre à des nations africaines fragiles de se défendre face à la multiplication de groupes et groupuscules agissant hors la loi.
Certains pays comme le Royaume-Uni ont accepté d’y prendre part, sans l’envoi de troupes mais avec des armes et des hélicoptères mis à la disposition de cette mission.
D’où l’importance, relève la presse italienne spécialisée, d’une mission comme celle de la Task Force Takuba, une mission internationale qui sera lancée en pleine pandémie et dont l’objectif premier reste celui de fournir un soutien substantiel à l’armée française qui semble faire du sur-place face à l’extrême mobilité des groupes djihadistes et les réseaux multiples sur lesquels ils savent pouvoir compter
Outre la France et l’Italie, y participent la Belgique, la République tchèque, le Danemark, l’Estonie, l’Allemagne, la Grèce, les Pays-Bas, la Norvège, le Portugal et la Suède.
Cela dit, l’engagement militaire italien, décidé par le précédent gouvernement, constituera pour Mario Draghi, le nouveau président du Conseil, le baptême de feu stratégique, contraint non seulement d’évaluer les contours de cet effort mais, surtout, de l’honorer.
D’autant que le ministre de la Défense, Lorenzo Guerini, a été reconfirmé, lui qui a toujours insisté sur le rôle des soldats à l’étranger et des missions les plus importantes dans lesquelles ils sont employés.
En tout, 300 soldats seront déployés au Mali, issus de différents corps, l’armée de sol, l’armée de l’air et les carabiniers, qui seront fortement sollicités pour la réussite d’une mission appelée à renforcer les capacités militaires du Mali, du Niger et du Burkina Faso et réunir les conditions nécessaires pour son succès à long terme.
A Rome, on sait que la mission est loin d’être aisée. Le Sahel étant une région accidentée et complexe avec des soldats réguliers très mal entraînés combattant des forces rebelles et islamistes bien équipées, connaissant parfaitement le terrain et bien aguerries.
Celles-ci connaissent la population et la géographie du lieu, n’hésitant pas à utiliser les techniques du terrorisme. L’Italie semble prête à agir une fois de plus. Et le gouvernement de Mario Draghi est décidé à confirmer l’engagement pris par ses prédécesseurs.
M. R.
Comment (19)