La position hostile de médias arabes envers l’Algérie dans l’affaire d’Al-Arja
Par Mohamed K. – Deux médias au moins, l’un à capitaux saoudiens et l’autre dirigé par le conseiller des Al-Thani à Doha, ont traité de façon partiale l’affaire de l’expulsion des paysans marocains de la palmeraie d’Al-Arja, dans l’extrême-ouest de la wilaya de Béchar. Le site Al-Araby, fondé par le théoricien des Frères musulmans, Azmi Bishara, a fait parler l’ancien ministre de l’Intérieur marocain, Mohand Laenser, qui, en réponse à une question orientée, a profité de la perche qui lui a été tendue pour ruminer l’habituelle antienne qui consiste à mêler vaille que vaille l’Algérie au conflit sahraoui.
«Contrairement à beaucoup d’autres, je perçois la position du régime algérien et ses déclarations hostiles au Maroc et à la question de son intégrité territoriale d’une façon positive, parce que cela révèle que l’Algérie est une partie essentielle dans l’affaire du Sahara [marocain]», a fait dire Al-Araby au président du Front populaire qui compte des ministres dans le gouvernement islamiste du PJD. «L’Algérie dit assumer ses responsabilités», a-t-il affirmé au quotidien qatari.
Quant à Elaph, média saoudien édité à partir de Londres, il fait écho au communiqué d’un collectif d’avocats marocains qui a «mis sur pied une cellule de crise» pour suivre l’affaire de l’expulsion par les autorités algériennes des paysans marocains d’Al-Arja, à l’extrême-ouest de Béchar. Ces avocats arguent que «l’Algérie ne dispose pas de données juridiques lui permettant d’affirmer que ce territoire lui appartient», et ont pris attache avec les paysans concernés pour les inciter à exiger des dédommagements auprès de la Cour internationale de justice (CIJ).
Pour ces avocats, le fait que les paysans marocains aient exploité ces terres depuis trente ans les en rend «propriétaires de fait» du fait que l’Algérie «ne les a pas réclamées» pendant toutes ces années. Se référant à la législation algérienne, ils invoquent l’article 827 du code civil qui stipule que «celui qui exerce la possession sur une chose, mobilière ou immobilière, ou sur un droit réel mobilier ou immobilier sans qu’il en soit propriétaire ou le titulaire, en devient propriétaire si sa possession continue sans interruption pendant quinze ans».
Les avocats marocains mettent en avant, également, l’argument religieux, en s’appuyant sur le rite malékite, en vigueur en Algérie, dont ils puisent des avis juridiques qu’ils calquent sur le «litige», alors que les autorités marocaines ont tranché en appelant leurs ressortissants de Figuig à respecter la décision algérienne et à ne pas s’y opposer du fait de sa légalité.
Le média saoudien fait abstraction des arguments avancés par la partie algérienne pour justifier sa décision et se concentre sur les réactions marocaines, dont celle des autorités locales qui, dans un communiqué, lui aussi repris intégralement, soutiennent qu’une réunion a été tenue pour «étudier les solutions à même d’atténuer les effets de la décision sur les exploitants de ces terres agricoles». Elaph renchérit : «Le communiqué des autorités de la province de Figuig est la première réaction officielle du Maroc suite au bruit provoqué par l’ordre de l’armée algérienne aux paysans marocains de quitter la zone bien qu’ils l’exploitent depuis les années 1970.» Et d’insister : «Des observateurs estiment que cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une volonté de l’Algérie de récupérer des terres qui relèvent de son territoire, conformément à l’accord sur le tracé des frontières signé entre les deux pays et qui stipule que la région d’Al-Arja est un territoire algérien bien que ses exploitants depuis cinquante ans soient des Marocains.»
«Le diable se cache dans ce bien que», réagissent des observateurs avisés qui dénoncent le parti pris sournois de ces médias arabes.
M. K.
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