Amar Saïdani se réfugie au Maroc où il jouit de la protection du régime de Rabat
Par Kamel M. – Des sources généralement bien informées indiquent qu’Amar Saïdani se trouverait au Maroc où le roi Mohammed VI lui assure la protection en contrepartie d’une mission que le Makhzen lui a confiée il y a quelques années, celle de promouvoir le slogan «Etat civil et non militaire», étrangement repris par la seconde édition du Hirak dévoyé par les islamistes. L’ex-président du Parlement a, ainsi, concouru à la dislocation du Département du renseignement et de la sécurité, le redoutable DRS, pour le compte du régime monarchique de Rabat.
Le Makhzen lui sait, par ailleurs, gré d’avoir déclaré que «le Sahara est marocain, et rien d’autre que marocain», qu’«il a été retiré du Maroc à la conférence de Berlin» et que «l’Algérie, qui verse beaucoup d’argent à l’organisation appelée Polisario durant plus de 50 ans, a payé un prix très élevé, sans que l’organisation fasse quoi que ce soit ou ne sorte de l’impasse». Il avait, dans le même sillage, plaidé pour la réouverture des frontières avec le Maroc, fermées depuis 1994.
«Les relations entre l’Algérie et le Maroc sont plus importantes que ce problème, et la situation est aujourd’hui favorable car il y a l’élection d’un nouveau Président et un changement de régime en Tunisie, l’Algérie se prépare à des élections et le système est en train de changer. La Libye est aussi en train de se transformer, ce qui pourrait aider à la renaissance de l’Union du Maghreb arabe», avait-il renchéri, en ajoutant : «L’argent qui est versé au Polisario devrait partir à Souk-Ahras, El-Bayadh ou Tamanrasset.»
Plusieurs titres de la presse marocaine à la solde du Makhzen avaient repris, avec une exaltation à peine voilée, les propos d’Amar Saïdani, déclarant que sa sortie ne pouvait que «refléter un bouleversement» dans l’orientation à Alger. Réagissant aux propos de l’ancien homme-lige de Gaïd-Salah, le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui l’a qualifié d’«agent du Maroc». Le général Abdelaziz Medjahed l’avait, lui, qualifié de «personnage qui a émergé à l’époque des nains», estimant qu’«il ne connaît rien à l’histoire» et jugeant tout simplement «stupides» ses propos sur le Sahara Occidental.
Si l’innommable Amar Saïdani avait été épargné par la justice grâce à sa position à la tête du FLN et à sa proximité avec les centres de décision politique influents sous Bouteflika, il n’en demeure pas moins qu’il devra être jugé pour plusieurs délits. Il est notamment accusé d’avoir participé au détournement de 4 000 milliards dans l’affaire de la Générale des concessions agricoles (GCA). En 2008, alors qu’il s’apprêtait à quitter Alger à destination de Paris, Amar Saïdani avait été refoulé de l’aéroport, car il était frappé d’une interdiction de sortie du territoire national ordonnée par la justice. En juin 2007, il fut convoqué par le tribunal de Djelfa mais n’a jamais répondu à cette convocation. Cette affaire, qui a éclaté vers la fin de l’année 2006, et qui avait fait la Une des journaux, porte sur des délits de passation de marchés contraires à la législation, contrats fictifs, faux et usage de faux et paiement par anticipation à la réception d’ouvrages. Amar Saïdani y était mêlé à travers sa société-écran Al-Karama.
Après avoir menti sur ses biens dissimulés en France, alors qu’il présidait aux destinées du FLN, Amar Saïdani fut acculé par les révélations d’Algeriepatriotique et finit par passer aux aveux en reconnaissant avoir acquis un bien onéreux à l’étranger. «Oui, j’ai effectivement acheté un appartement à Paris», avait-il avoué dans un entretien au quotidien arabophone El-Khabar. Le voisin de Sarkozy avait tenu à préciser qu’il avait remis un dossier détaillé sur cette acquisition au chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général Toufik, contre lequel – schizophrénie ou manœuvre défensive ? – il avait débordé d’accusations inimaginables.
Algeriepatriotique avait mis la main, en novembre 2014, sur un document qui confirmait les acquisitions immobilières d’Amar Saïdani dans la capitale française. Il s’agit du contrat d’achat de l’un des deux appartements que nous avions pu «recenser» en avril 2014. D’une superficie de 101,61 m2, cet appartement a été acheté auprès d’un couple mexicain en novembre 2009. Il est situé au 9/15 boulevard Victor-Hugo, à Neuilly-sur-Seine. L’acquisition a été effectuée au nom de la société civile immobilière L’Olivier, créée en juillet 2009 – soit quelques mois auparavant – et gérée par l’une des filles d’Amar Saïdani, Kenza. Le siège social de la SCI L’Olivier, spécialisée dans l’acquisition et l’exploitation de tous biens et droits immobiliers, est sis au 48, rue de la Bienfaisance, dans le très chic VIIIe arrondissement de Paris. Outre Amar Saïdani, sont actionnaires dans cette société tous ses enfants et son épouse.
Pour acquérir l’appartement en question, Amar Saïdani a pris ses dispositions en évitant de payer cash la totalité du prix. En effet, comme le souligne le contrat, à travers la société L’Olivier, il a versé 317 500 euros et contracté un crédit immobilier de 347 500 euros auprès du Crédit du Nord, avec un taux d’intérêt annuel de 3,55%. Le coût de ce crédit est fixé à 147 745 euros, avec possibilité de réévaluation. Il le remboursera en 180 mensualités de 2 700 euros. Pour conclure cette transaction, le concerné a également déboursé plus de 33 000 euros en frais.
K. M.
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