Ce que cache la guerre d’intox que l’entité sioniste mène contre l’Algérie
Par Kamel M. – «Vivre efficacement, c’est vivre avec des informations adéquates.» (Norbert Wiener, fondateur de la cybernétique.) L’entité sioniste, golem géographique habitué à naviguer en eaux troubles, semble accentuer la mobilisation de certains artifices médiatiques et cybernétiques à l’encontre de l’Algérie.
De fait, l’annonce le 14 mars sur i24 News, sans preuves et au conditionnel, de l’atterrissage d’un avion brésilien rempli de vaccins contre le Covid-19 en provenance d’Israël à l’aéroport international d’Alger Houari-Boumediene, puis relayée même par le site Oumma.com le 19 de ce mois, se fonde sur les propos fallacieux du journal israélien Yediot Aharonot du 7 mars. Cette information est «un pur mensonge», comme l’a affirmé fermement une source dans le journal numérique Algeriepatriotique.
Le démenti revient même sur les allégations d’Eddie Cohen à propos de cette prétendue acquisition de l’Algérie du vaccin contre le Covid-19 d’Israël. Une autre fiction qui s’ajoute au chapelet de mensonges. D’ailleurs, ces derniers mois, précisément depuis la normalisation des relations diplomatiques entre le Makhzen et l’entité sioniste, les spécieuses publications pullulent, à l’instar des tweets de soutien à Israël, avec des photos de passeports algériens ou une certaine chaîne sioniste arabisante qui essaie tant bien que mal de convaincre, par de ridicules exceptions, de l’intérêt factice de la normalisation.
En réalité, la position de l’Algérie est ferme et indéfectible, comme l’a confirmé le président Tebboune, dans de nombreuses allocutions, en constante fidélité avec le peuple algérien et son armée : «Nous ne participerons à aucune normalisation et elle ne nous enchante guère… la question palestinienne est sacrée.» Cette évidence algérienne est tellement reconnue internationalement que le Jerusalem Post dans un article de Seth J. Frantzman du 16 août 2020 publie que «l’Algérie semble un pays loin de toute normalisation avec Israël. Elle a même emprisonné un bloggeur pour une interview avec Israël».
Ainsi, l’explication de cette cascade de fake news et d’intoxication n’est autre que la guerre de 4e génération menée contre l’Algérie, qui a été évoquée récemment par le chef de l’état-major de l’ANP à l’Ecole supérieure de guerre de Tamentfoust et dont la revue El-Djeïch a également fait mention dans son numéro paru en mars dernier.
Il s’agit, en effet, d’une guerre asymétrique et informationnelle qui vise la manipulation et le formatage de l’opinion publique, une technique inspirée de David Galula avec sa notion de «contre-insurrection» qui pense autrement la guerre que comme une quantification de morts, mais comme une guerre psychologique et un contrôle cognitif des individus, dans une logique légèrement clausewitzienne où «le technicien devait se substituer à l’officier». En termes plus concrets, l’ancien diplomate Noureddine Djoudi rappelle, dans un article paru dans un quotidien national, à la veille de l’anniversaire du Hirak, la rencontre des officiers de l’OTAN en 2018 en Israël, dans laquelle Max G. Manwaring, ancien professeur à l’Institut d’études stratégiques de l’US Army War College, avait expliqué dans une conférence «la guerre de quatrième génération».
Rien d’étonnant quand on sait que l’entité sioniste a été accusée par l’Iran en 2010 d’avoir lancé un ver informatique, «Stuxnet», touchant ainsi plusieurs milliers de systèmes iraniens et déréglant, notamment, les moteurs d’enrichissement d’uranium. Par ailleurs, à l’origine même du terme cybernétique se trouve l’idée de pilotage et de commande à distance, avec un processus de feedback. Ce qui expliquerait l’intérêt stratégique de certains pays à développer ce type de technologie.
Nul doute que ces manœuvres ne sont pas gratuites et anodines, mais qu’elles participent d’une machine de guerre sophistiquée, dont les perspectives sont surtout psychologique et géopolitique. D’une part, elle vise la banalisation de certaines idées afin de mieux diffuser le consentement (la normalisation des relations diplomatiques) car personne n’est à l’abri de cette technique qui force l’acceptation d’opinions controversées, comme le signale Pascal Boniface dans son dernier ouvrage sur les idées reçues : «Elles circulent chez les professionnels de la géopolitique, qu’ils soient responsables politiques, diplomates, officiers, experts, enseignants, chercheurs ou journalistes… On répète ce qu’on a entendu maintes fois et on finit par y croire.» Alors que dire d’une publication sur Facebook ou sur Tweeter partagée des milliers, des millions de fois ?
D’autre part, ces mêmes réseaux sociaux sont le théâtre principalement de l’émotion et des automatismes humains en raison de l’instantanéité de l’information et de la réaction que Paul Virilio, ce grand philosophe discret, penseur de la guerre et de la vitesse, résume dans une formule très simple sur les nouveaux médias : «L’instant, c’est l’instinct.» Or, la réflexion et la lecture critique nécessitent du temps et du discernement, une denrée de plus en plus rare aujourd’hui.
En somme, les tentatives de division et de manipulation du peuple algérien par cette entité transnationale ne s’arrêteront sûrement pas à ces timides échauffements. Il devient urgent que la communauté numérique algérienne dorénavant fasse preuve de vigilance et ne cède pas aux intox des obscurs augures.
L’émotion est ennemie de l’homme, la réflexion son auguste valeur. Quant à l’information, elle est une arme à double tranchant.
K. M.
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