Comment l’Algérie a fait plier les Saoudiens avec un article de presse
Par Mohamed K. – L’ancien chroniqueur Saâd Bouakba a fait des révélations fracassantes lors de son passage sur le plateau d’une télévision privée algérienne. Interrogé sur des reproches qui lui sont faits sur sa propension à la critique acerbe, le journaliste, privé de tribune depuis plus d’une année, a expliqué qu’au contraire il a souvent participé à la défense de causes nationales à travers ses écrits et que, d’un autre côté, il n’a jamais servi les hommes, mais uniquement l’Etat.
Saâd Bouakba a pris l’exemple d’une affaire liée au pétrole, en affirmant qu’en 1999 il avait été contacté par le chef du gouvernement de l’époque, Samaïl Hamdani, qui lui avait demandé de régler leurs comptes aux Saoudiens qui vendaient le pétrole en catimini à cinq dollars le baril aux pays d’Asie du Sud-Est, où ils avaient de gros investissements, et que cela leur permettait d’amortir les pertes engendrées par la baisse des cours, contrairement à l’Algérie qui en pâtissait sévèrement. «Je connais l’impact de tes écrits et je voudrais te mettre en contact avec le PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, pour qu’il te fournisse toutes les données nécessaires à l’écriture de ton article», a affirmé Smaïl Hamdani au journaliste.
«Je me suis réuni avec Abdelmadjid Attar pendant trois heures et il m’a informé des tenants et aboutissants de l’affaire», a fait savoir Saâd Bouakba qui ajoute qu’il a alors «tiré la première salve» et que cela avait fait réagir l’ambassade d’Arabie Saoudite à Alger qui s’est plainte auprès du ministère des Affaires étrangères, parce que, a-t-il poursuivi, «les Saoudiens avaient compris que le coup venait du gouvernement algérien». Le journaliste renchérit en affirmant que Smaïl Hamdani l’en a informé et lui a demandé de continuer sur sa lancée et d’ajouter un autre article qui abonde dans le même sens. «Ce que je fis», assure Saâd Bouakba.
«Une semaine plus tard, a ajouté l’ancien chroniqueur du quotidien arabophone El-Khabar, le chef du gouvernement m’a recontacté pour m’informer que les Saoudiens allaient me répondre à partir de Riyad, cette fois-ci à travers une mise au point qui te sera remise par l’ambassadeur en personne.» «J’ai effectivement reçu le droit de réponse et l’ai publié sans commentaire parce que j’allais répliquer par un troisième boulet», a souligné Saâd Bouakba qui rappelle que dans le courant de la semaine, le ministre de l’Energie de l’époque, Youcef Yousfi, a rencontré ses homologues saoudien et vénézuélien chez Abdelkader Messahel, au siège de l’ambassade d’Algérie à La Haye, aux Pays-Bas.
«Le ministre saoudien du Pétrole a, alors, fait une déclaration, à l’entrée de l’ambassade d’Algérie, dans laquelle il affirmait que l’Arabie Saoudite avait décidé de baisser sa production d’un million de barils/jour et les prix ont repris une courbe ascendante», a conclu Saâd Bouakba qui révèle ainsi deux faits importants : l’influence de l’Algérie sur le plan international et l’efficacité redoutable de ses services de renseignement.
M. K.
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