Sonatrach-Eni : partenariat renforcé en attendant la relance du projet Galsi
De Rome, Mourad Rouighi – En se rendant hier à Alger, le PDG d’Eni, Claudio Descalzi, a longuement rencontré son homologue, le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, pour un rapide tour d’horizon du marché énergétique mondial et, surtout, sceller davantage un partenariat d’exception et signer divers accords dans l’exploration, la production d’hydrocarbures, la recherche et le développement, la formation du personnel et dans le domaine de la décarbonation.
«Un partenariat historique, ont-t-il insisté, renforcé par la volonté des deux groupes de choisir une stratégie commune de développement accéléré et de concrétiser l’objectif de la neutralité carbone.»
Dans le détail, le premier de ces accords signés vise à mettre en œuvre un programme ambitieux de relance des activités d’exploration et de développement dans la région du bassin de Berkine et envisage la création d’un pôle de développement de gaz et de pétrole brut en synergie avec les installations existantes de Menzel-Ledjmet-East-Field et le Bloc 405 B.
Cet accord s’inscrit, nous rappelle-t-on, dans le cadre du processus de finalisation d’un nouveau contrat d’hydrocarbures dans le bassin, sous l’égide de la nouvelle loi pétrolière algérienne, entrée en vigueur en décembre 2019.
Par ailleurs, et pour renforcer et accroître la coopération déjà en cours dans le domaine technologique et pour continuer sur la voie de la décarbonation, Takkar et Descalzi ont signé un protocole d’accord pour le développement du partenariat entre Eni et Sonatrach dans le secteur des nouvelles technologies et plus précisément celui portant sur les énergies renouvelables, les biocarburants et l’hydrogène.
La coopération entre Sonatrach et Eni a également été renforcée dans d’autres secteurs comme la formation du personnel, à travers la signature d’un accord prévoyant une coopération entre Eni Corporate University et l’Institut algérien du pétrole et ce, pour mettre en œuvre des programmes de formation dans les domaines de l’amont et des nouvelles technologies liées à la transition énergétique.
Un partenariat au beau fixe, qui, nous dit-on à Rome, serait sur le point de relancer le projet Galsi, ce gazoduc devant relier l’est du pays à Piombino, en passant par la Sardaigne.
Un projet ambitieux, qui devrait fournir à terme l’Italie à hauteur de 8 milliards de mètres cubes de gaz par an. Avec un investissement total d’environ 3 milliards d’euros, reliant Koudiet Draouche (extrême est algérien) à Piombino, en passant par la Sardaigne (Porto Botte et Olbia).
Politiquement, l’Italie est toujours intéressée par la réalisation du gazoduc Galsi et y voit un excellent bonus en vue de diversifier ses fournisseurs de ressources énergétiques. L’Algérie détiendrait une participation majoritaire de 41% à travers Sonatrach, en association avec les sociétés italiennes Edison Energia, Enel et d’autres groupes. Mais pour cela, il faudra contourner l’opposition véhémente des Verts et des autonomistes sardes car, pour le reste, tant à Alger qu’à Rome, le projet revêt un intérêt stratégique des deux côtés de la Méditerranée.
D’une part, notre pays qui est le premier fournisseur de l’Italie (via le gazoduc Transmed, qui traverse la Tunisie et la Sicile) couvrant plus de 30% des besoins de la Péninsule, se doit d’augmenter ses exportations, compte tenu de la baisse de la demande et de l’arrivée sur le marché de nouveaux concurrents.
De l’autre, l’Italie a un besoin urgent de diversifier ses sources d’approvisionnement, notamment en raison de l’interruption des importations en provenance de Libye et du spectre de sanctions européennes qui menace l’acheminement du gaz russe vers le Vieux Continent.
Une éventualité prise très au sérieux par les dirigeants du «Chien à six pattes».
M. R.
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