Des pieds-noirs comptent absoudre leur âme coloniale en revenant en Algérie ?
Contribution de Mesloub Khider – «Qui baigne ses mains dans le sang les lavera dans les larmes.» Selon une source d’information française, certains pieds-noirs aspirent revenir en Algérie en pèlerinage. La culpabilité semble saisir la conscience tourmentée de ces survivants pieds-noirs, à l’heure de leur ultime émigration vers le Ciel du repos éternel. Dans un sursaut de repentance inavouée et inassumée, certains pieds-noirs escomptent-ils ainsi absoudre leur âme coloniale en revenant sur le lieu de leurs crimes, ce pays métamorphosé en purgatoire des Algériens par la volonté scélérate de la France chrétienne coloniale ?
Après un siècle et demi d’occupation, sur fond de pillage territorial, de torpillage culturel, de carnage humain, perpétrés avec la complicité coupable de tous les pieds-noirs, les Algériens relevèrent enfin la tête pour «botter le derrière» à ces pieds nickelés colonialistes, viscéralement résolus à perpétuer l’occupation territoriale de l’Algérie.
A peine l’indépendance proclamée, la majorité de ces partisans de l’Algérie française préféra traverser la Méditerranée pour gagner leur véritable pays plutôt que demeurer dans cette Algérie algérienne. Prouvant leur refus de vivre parmi les Algériens libres et indépendants, avec des citoyens algériens égaux dans une Algérie indépendante.
Ainsi, par leur choix de recouvrer leur mère patrie la France, ces pieds-noirs nickelés démontrèrent que leur tête n’avait jamais été algérienne. Certes, ils aimaient l’Algérie, mais pas les Algériens. Ils les aimaient socialement assujettis, politiquement asservis, culturellement colonisés, psychologiquement résignés, économiquement corvéables et exploitables à merci. Aussi, quoiqu’ils professent leur foi «algérianniste» pour témoigner de leur attachement à leur «pays natal», cette Algérie où ils ont vu le jour dans un contexte colonial plongeant la population indigène dans la nuit de l’asservissement, les pieds-noirs ne seront jamais algériens ! Ni hier, ni aujourd’hui, ni demain. Une mer de sang nous sépare, le sang de nos martyrs. Et on ne changera jamais ce sang en eau bénite tant sont lourdes nos indéfectibles incriminations. Aucune repentance ne peut absoudre vos crimes.
Le tribunal de l’Histoire vous a déjà jugés : vous êtes des criminels. Vous avez commis des crimes contre l’humanité, contre le peuple algérien. La terre algérienne n’a jamais oublié les violations dont elle fut victime. Le ciel algérien se souvient encore de vos exactions commis contre les populations civiles désarmées. Les tombes de nos aïeux sont encore secouées de terreur à l’évocation de vos sanguinaires méfaits génocidaires. La mémoire collective algérienne porte encore les cicatrices de vos balles meurtrières, les stigmates sociales de vos spoliations «affamantes». Le sang pur de nos patriotes abreuve encore les sillons de chaque village d’Algérie percés avec vos baïonnettes sifflant la belliqueuse et tyrannique Marseillaise vomie sous votre drapeau tricolore génocidaire.
Les grandes villes construites au profit exclusif des colons renferment encore la sueur et le sang des exploités algériens, véritables bâtisseurs de toutes ces infrastructures dont vous vous attribuez encore aujourd’hui la paternité.
Sachez, pieds-noirs, vous n’avez rien bâti en Algérie, avec vos pieds nickelés, incapables de se dresser debout, sinon sur le dos des Algériens qui vous portaient à bout de bras, vous nourrissaient avec leurs abondantes et riches ressources agricoles et fossiles, extraites de la terre algérienne avec leurs mains viriles. Vous avez juste été les femmelettes mercenaires de l’entreprise coloniale française que vous avez servie avec dévotion et abnégation contre le peuple algérien.
Un siècle et demi durant, vous avez vécu dans un pays conquis en colons. Vous n’êtes pas les enfants de l’Algérie, mais les enfants de bagnards expédiés par votre pays la France pour coloniser notre pays. La France leur a permis, dès le début de la conquête, de racheter leurs crimes en les transformant en colons affectés en Algérie pour perpétuer leurs mœurs de prédation par le vol des terres algériennes, l’extorsion des richesses des Algériens, le viol collectif de la culture et traditions indigènes (au premier noble sens du terme : «Qui est originaire du pays où il vit, s’épanouit.»).
La France vous a concédé l’opportunité coloniale de vivre de l’oppression et de l’exploitation du peuple algérien réduit en esclavage au nom de vos valeurs civilisatrices bourgeoises, encore aujourd’hui éhontement encensées malgré leurs œuvres génocidaires. Plus d’un siècle, vous avez mené la vie de château grâce au peuple algérien qui vous alimentait en mourant de faim. Vous viviez dans de somptueuses maisons dans des villes algériennes régies par la ségrégation raciale et spatiale, barricadés dans vos quartiers «européens» cossus pour ne pas subir la proximité et la promiscuité des indigènes «arabes», réduits à survivre dans des taudis plantés dans de sinistres domaines infectés de pollutions microbiennes toxiques et de misères sociales létales. Un siècle et demi durant, vous avez privé les Algériens de leurs droits juridique, politique, économique, social, médical, culturel, cultuel. Vous leur avez interdit d’accéder à la scolarité, sinon parcimonieusement, favorisée par calcul dans certaines régions, dans le cadre de la stratégie de division pour mieux régner.
Aujourd’hui, vous voulez revenir, sans vergogne, en pèlerinage sur le lieu de vos crimes coloniaux. «Là où le sang a coulé, l’arbre de l’oubli ne peut grandir», dit un proverbe brésilien. Eh bien, en tant qu’enfant, neveu et cousin de moudjahidine et chouhada, originaire d’une région de Kabylie qui a payé un lourd tribut durant la Guerre de libération nationale, je proclame au nom de ces martyrs, en particulier de mon père, que vous n’êtes pas les bienvenus en Algérie.
L’Algérie n’a pas besoin de vous, ni en tant que touristes transitoires ni encore moins en tant que résidents permanents.
Allez, plutôt, vous rendre en pèlerinage en Israël, dernière colonie du monde, chez vos semblables colonialistes sionistes, pour vous ressourcer, vous rappeler les temps bénis de votre vie dorée de colons en Algérie !
K. M.
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