El-Djaz’ara, le FIS, le GIA, Rachad, le général français et l’idiot utile Tabbou
Contribution de Ramdane Hakem – Comme beaucoup d’amis, je me sens interpellé par les débats intenses en cours sur la place de Rachad au sein du Hirak. Ce groupe que l’on dit formé par quatre chats et deux souris est parvenu à transformer le mot d’ordre central de la protestation populaire, «Djazaïr horra dimocratia», en «Dawla madania machi askaria». Un tel détournement constitue pour tout démocrate qui réfléchit une véritable sortie de route porteuse de risques énormes – celui d’une dictature militaire à l’égyptienne ou d’un déferlement de violence à la syrienne.
Par ailleurs, je reconnais avoir été, comme beaucoup, séduit par le discours souvent empreint de sagesse de Mourad Dhina, dans le même temps que je suis révulsé par les vomis de son «frère» Larbi Zitout, sans parler des délires crapuleux des Amir Dz et autres Mohamed machin. Se peut-il que ces figures médiatiques appartiennent à une même famille politique, voire à une même organisation ?
Une vidéo du GIA sur YouTube, datant de 1996, et sur laquelle je suis tombé par hasard, m’a fourni des éléments étayant l’hypothèse selon laquelle Rachad ne serait qu’une des émanations d’El-Djaz’ara, une société secrète islamiste algérienne qui a basculé dans le terrorisme durant les années 1990.
La vidéo relate les aveux circonstanciés d’un cadre terroriste d’El-Djaz’ara ayant rejoint le GIA avant de s’apprêter à le trahir. Elle démonte, par la bouche d’un de ses acteurs principaux, le modus operandi de cette organisation terroriste sur laquelle nous avons peu d’informations. Les ressemblances avec les pratiques de Rachad au sein du Hirak sont frappantes.
La question que je me pose, et pour laquelle je n’ai pas de réponse définitive est : Rachad, El-Magharibia, les dizaines d’activistes sur Facebook et peut-être les centaines d’associations islamistes en Algérie ne sont-elles finalement que des manifestations publiques d’El-Djaz’ara, le véritable représentant toujours ultra-clandestin de l’islam radical en Algérie ?
Ces notes que j’ai prises en visionnant la vidéo, si elles n’apportent pas de réponse définitive à cette question, en font néanmoins une interrogation légitime et cruciale pour qui veut sauvegarder l’orientation démocratique et progressiste du Hirak.
R. H.
Aveux du docteur Lamara Abdelwahab dit Larbi, membre du Madjlis Echoura, responsable à l’organique d’El-Djaz’ara centre (Algérie). Enregistrement du 4 janvier 1996, disponible sur YouTube.
Né le 28 mai 1961 à El-Harrach, Lamara Abdelwahab, dit Larbi, médecin de son état, a rejoint El-Djaz’ara en 1980, à son entrée à l’université. Avant de rejoindre le GIA, il était membre du Comité central d’El-Djaz’ara (Madjliss Chouri El-Wassat : Alger, Blida, Tipasa, Bouira, Tizi Ouzou, etc.), où il occupait la fonction de responsable à l’organique.
Genèse d’El-Djaz’ara
La société secrète serait née en 1968, formée par une poignée d’étudiants qui se retrouvaient chez Malek Bennabi pour y suivre des causeries. Sa première initiative fut d’ouvrir, sur proposition de Bennabi, une salle de prière à l’Université d’Alger-Centre. Le noyau militant originel avait demandé au «maître» de devenir l’émir du groupe clandestin, mais Bennabi refusa, arguant qu’il se devait à sa fonction d’idéologue et qu’ils trouveraient bien quelqu’un d’autre pour les diriger. Parmi les fondateurs de l’organisation, il y avait notamment Abdelhamid Benchicou, A. Hamouda, M. Bouchoukha (cadre au ministère des Affaires religieuses), A. Rmitha, etc.
Le premier émir d’El-Djaz’ara fut Abdelhamid Benchicou. Il sera toutefois exclu de l’organisation quelques années plus tard pour déviation confrériste (tourouqiste) à partir de 1973. Il fut remplacé dans la guidance par Mohamed Tidjani Boudjemâa, qui cédera la place à Mohamed Saïd, originaire de Kabylie. En 1996 – année où fut réalisé l’enregistrement –, Tayeb Berghouch était à la tête d’El-Djaz’ara. Originaire de l’Est algérien, Berghouch aurait obtenu une licence en sciences sociales, en charia et également le diplôme de magister. Il serait l’auteur de livres (sur la religion) et entretiendrait des relations avec des «penseurs» islamistes aux Etats-Unis (Haddam et Dhina ?). Imam à Constantine, il aurait déclaré un jour : «Le djihad est un moyen de lutte non civilisé.»
Une organisation ultra-clandestine fortement cloisonnée
C’est en 1982 – dans le feu de la répression contre la mouvance amazighe – que les organisations islamistes (Djama’a islamia), jusqu’alors plus ou moins clandestines, furent autorisées à sortir de l’ombre et se lancèrent dans le prosélytisme au grand jour. El-Djaz’ara est ainsi directement responsable de l’assassinat de l’étudiant progressiste amazigh Kamel Amzal. Il y avait, en plus de cette organisation, les Frères musulmans locaux, les Frères musulmans internationaux, l’organisation salafiste Tabligh, etc.
El-Djaz’ara était une organisation politico-religieuse ultra-clandestine. A ses débuts, elle n’avait pas spécialisé les fonctions dans l’activité de ses membres ; ce ne fut que vers la fin des années 1980 que le Dr Lamara découvrit qu’El-Djaz’ara à laquelle il avait adhéré près de dix années auparavant avait plusieurs ailes cloisonnées :
– une aile, toujours clandestine, chargée du recrutement et de la formation ;
– une aile chargée de l’action intellectuelle (fikria), dont la mission était l’expansion de la pensée islamiste (tanouir el-fikr el-islami), à travers un réseau d’associations locales coordonnées par la djama’a el-islamia lil binâ’ el-hadhâri ;
– une aile politique qui va adhérer au FIS par la suite.
Particularités d’El-Djaz’ara
Ses membres, du moins à l’origine, se distinguaient des autres islamistes par leur refus de l’allégeance à une autorité étrangère, d’où la dénomination d’algérianistes. Pour eux, les Frères musulmans sont l’émanation d’une expérience égyptienne qui a la prétention de prendre une dimension internationale. El-Djaz’ara se veut avant tout algérienne, même si elle prône la solidarité et la coopération entre toutes les organisations et individus qui travaillent à répandre l’islamisme.
Plus précisément, El-Djaz’ara se distingue des autres groupes islamistes par son caractère local algérien, la rigueur de sa clandestinité, le fait qu’elle cible principalement les élites intellectuelles, les catégories sociales cultivées (étudiants, professeurs, etc.). Un des principes qu’enseignaient ses gourous était le suivant : quand vous gagnez un étudiant à la cause islamiste, vous gagnez en même temps tout un village – d’où est issu l’étudiant. De fait, la démocratisation de l’enseignement avait permis l’arrivée à l’université d’étudiants issus des contrées les plus reculées du pays.
Doctrine d’El-Djaz’ara (‘aqîda et sulûk)
Abdelhamid Boucha, un des idéologues d’El-Djaz’ara, était de ceux qui confectionnaient les programmes. Arrêté par le GIA, il affirma qu’El-Djaz’ara n’obligeait pas ses membres à adopter la doctrine fondamentaliste (‘aqîda salafia). Certains de ses membres sont ach’arites ou autres. El-Djaz’ara considère l’ach’arisme et le salafisme comme faisant partie de la même école, celle d’Ahl al-sunna wal djama’a.
‘Ibâdât et fiqh
El-Djaz’ara est d’obédience soufie, mais condamne et combat la tourouqia – à l’instar d’Erdogan en Turquie. Ses références théologiques (‘ibâdât) seraient Abu Hamid El-Ghazali et Saïd Haoua, connus pour leur obédience soufie.
La société secrète considère que les fondamentalistes salafistes, qui exigent de s’en tenir au Coran et à la sunna, sont responsables des divisions et de l’émiettement de la nation islamique. Certains de ses membres ont toutefois adopté le salafisme, non par libre choix, mais par opportunisme, en vertu du principe de réalité qui dicte de s’adapter au contexte.
El-Djaz’ara suit le fiqh el-madhabi (malékite), tout simplement parce que cette école est la plus répandue au Maghreb et que l’organisation considère qu’il n’y a pas de mal à en suivre les normes.
Prosélytisme et comportements (da’wa et sulûk)
El-Djaz’ara ne s’en tient pas aux méthodes et moyens préconisés par le Coran et la sunna dans sa pratique du prosélytisme (da’wa ijtihâdia et non tawqifia). Que ce soit en matière de manhadj ou de ‘aqîda, elle s’oppose aux enseignements salafistes ahl el-kitâb wa ‘sunna. En vérité, l’attitude de la société secrète est hypocrite : El-Djaz’ara proclame qu’el-wassâ’il li da’wa tewqifia (les moyens utilisés pour le prosélytisme doivent être conformes aux prescriptions du Coran et de la sunna) mais, en pratique, l’organisation utilise les vidéos, les chants, les images, le processus électoral (une pratique impie pour ahl a’da’wa tawqifia) dans son action prosélyte. El-Djaz’ara serait donc en pratique de type da’wa ijtihadia et non tawqifia.
Au total, les «déviations» d’El-Djaz’ara par rapport au dogme de la salafia djihâdia du GIA sont : el-walâ’ wal barâ’a (la fidélité n’est due qu’aux membres de la société secrète), ‘aqîda ach’ariste (ceux qui n’en partagent pas les vues étaient considérés comme des incroyants), turuqia (adeptes des zaouïas), utilisation de moyens illicites pour le prosélytisme (da’wa).
Rapport aux autres tendances et personnalités islamistes (da’awiya, fikriya, djihadia)
El-Djaz’ara entretient des rapports différents, selon les organisations et les personnalités. Le principal reproche qu’elle fait à l’organisation Da’wa wa tabligh est d’oublier le djihad (action armée) que cette dernière réduirait à djihad nafs (djihad tourné vers soi-même). Le salafisme ne serait qu’un instrument utilisé par le pouvoir pour «calmer les esprits», réduire la contestation. Avec les Frères musulmans locaux et les Frères musulmans internationaux, elle prône des relations fondées sur l’entraide sur le terrain, dans le respect de l’indépendance organique de chacun.
El-Djaz’ara considère que le chiisme est un courant dévoyé (firqa dhâ’la). Des membres dirigeants de la société secrète entretiennent toutefois des liens, notamment familiaux, avec Ahl shî’a (Anwar Heddam aurait un parent chiite, professeur à l’université de Kouba).
El-Djaz’ara a mis en place des stratégies particulières pour se rapprocher et gagner à ses conceptions les personnalités islamistes reconnues. Le cas le plus emblématique fut celui de cheikh Ahmed Sahnoun, que l’organisation serait parvenue à récupérer.
Enfin, les étudiants d’El-Djaz’ara auraient établi des liens solides à l’étranger, notamment avec des organisations islamistes de l’Inde, du Pakistan et de Malaisie.
Stratégies d’infiltration et manipulation
El-Djaz’ara enseigne qu’en terre d’islam (diâr islâmia) les institutions et autres organisations publiques appartiennent aux musulmans. Il est de ce fait légitime et même du devoir des islamistes de se les approprier. Cela est particulièrement vrai pour le ministère des Affaires religieuses. Les conférences islamiques annuelles sont une idée d’El-Djaz’ara, l’organisation exerce une influence dans le choix des imams et des directions des écoles coraniques. Ses éléments sont à la tête de plusieurs facultés et universités.
El-Djaz’ara et l’union des islamistes
Après leur sortie de la clandestinité, les islamistes ont créé deux organisations communes : la Da’wa islamia et le FIS. Quand est né le FIS, El-Djaz’ara ne voulait pas s’exposer, préférant l’appuyer de l’extérieur : aux municipales de 1990, là où le FIS ne parvenait pas à constituer un bureau, El-Djaz’ara intervenait pour combler le vide. Sinon, elle laissait les autres courants en occuper les organes dirigeants. Mais partout où la société secrète était implantée, la règle était de soutenir, ne serait-ce que par le vote, l’organisation d’Abassi Madani et Ali Benhadj.
Dans une seconde phase (pour les législatives), l’attitude de la société secrète changea. Décision fut prise par El-Djaz’ara d’entrer massivement dans les appareils du FIS : «Le FIS a besoin de nous et nous sommes les plus à même de le diriger.» La consigne était d’infiltrer le mouvement islamiste pour parvenir aux centres de décision soit directement en occupant les postes, soit indirectement en en contrôlant les prises de position. Cette pénétration s’est effectuée en accord avec la direction du FIS, qui n’a posé aucune condition ; en particulier, elle n’a pas mis comme préalable la dissolution d’El-Djaz’ara.
A l’intérieur du FIS, une lutte féroce entre différents courants islamistes s’est alors enclenchée, notamment entre El-Djaz’ara et Nahdha, chacune ayant sa fraction clandestine. On comprend mieux la longévité de Djaballah, qui a pu bénéficier de l’appui d’un réseau toujours clandestin. El-Djaz’ara a activé comme fraction au sein du FIS : des membres djaza’aristes du Madjlis Echoura de ce dernier s’étaient réunis à maintes reprises, à l’insu du FIS, avec Lamara Abdelwahab, dit Larbi, qui était responsable à l’organique d’El-Djaz’ara, pour décider des positions à défendre au sein du Front.
El-Djaz’ara et le djihad
Avant l’arrêt du processus électoral, notamment durant l’été 1991, quand s’était posée la question du djihad, El-Djaz’ara ne voyait pas encore la nécessité de recourir à l’action armée.
Après l’échec du processus électoral, la société secrète considéra que l’action militaire (elle parlait de ‘amal musallah et non de djihad) était un moyen de pression pour «recouvrer les droits du peuple». Elle n’avait pas encore admis le principe du djihad comme moyen d’instaurer la souveraineté d’Allah (i’lâ’ kalimat Allah : souveraineté de la parole d’Allah). Puis, les choses s’étaient précipitées avec l’apparition du GIA. El-Djaz’ara n’y était pas préparée : elle ne put même pas adopter une position formelle sur la question du djihad. Le Madjlis Echuri d’environ soixante-dix éléments n’était pas parvenu à se réunir ; chacun prit le chemin qui lui semblait le meilleur, une partie des militants étaient passés à l’action armée, d’autres ont préféré activer de l’extérieur. Lamara Abdelwahab, dit Larbi, étant médecin, soignait des blessés terroristes en décembre 1991 déjà.
Quand les groupes armés (djamâ’a musallaha) apparurent dans les quartiers et dans les villes, et commencèrent à se coordonner pour former le GIA, El-Djaz’ara devait s’adapter à ce nouveau contexte.
Participation d’El-Djaz’ara à l’action armée et au GIA
Des membres du Conseil national ont organisé des rencontres isolées avec des activistes de la société secrète : certains voulaient passer à l’action armée, d’autres étaient contre, d’autres encore balançaient entre les deux options. Ceux qui étaient pour le recours à la violence créèrent le FIDA pendant que beaucoup de militants avaient choisi de rester dans le FIS, passé à la clandestinité.
Mais au sein du FIS, des luttes intestines intenses firent que les choses avaient mal tourné. Ces luttes intestines décidèrent El-Djaz’ara à rallier le GIA. Le ralliement s’est effectué en plusieurs étapes. Au début, des éléments adhérèrent individuellement au GIA, en utilisant des accointances personnelles, puis ce fut tout le FIDA qui rejoignit l’organisation terroriste.
En fait, l’adhésion de Mohamed Saïd et Abderrazak Redjam, dirigeants principaux d’El-Djaz’ara, au GIA fut décisive pour décider les autres activistes de l’organisation à faire de même. Les djaz’aristes ne furent toutefois acceptés qu’après qu’ils eurent abjuré leurs «déviations» antérieures. Ils durent notamment se repentir d’avoir soutenu le processus électoral en 1990 et 1991. Mohamed Saïd et Abderrazak Redjam seront assassinés par le GIA en 1995 pour sédition.
Usant de la stratégie ayant servi au contrôle du FIS, El-Djaz’ara s’était fixé comme objectif de mettre la main sur le GIA en s’emparant de sa direction. Elle pensait que le meilleur moyen d’unir les djama’ate djihadia et de contrôler l’action armée était de parvenir aux centres de décision du GIA, physiquement en plaçant ses hommes, ou indirectement en faisant porter ses idées par d’autres – idiots utiles comme Karim Tabbou aujourd’hui ? De fait, El-Djaz’ara parvient très vite à prendre les organes d’expression du GIA, en français et en arabe, en se recommandant de l’émir national de l’organisation terroriste.
Au sein du GIA, les djaz’aristes ne formèrent toutefois pas une fraction à proprement parler ; il n’y eut pas de réunions formelles entre membres de la société secrète. Des contacts et des rencontres ont pourtant effectivement existé. Le but, au début, était de conforter l’organisation du GIA, par la suite, quand la Djaz’ara cessa d’en partager les vues, les contacts avaient pour finalité de favoriser la sédition de terroristes vers les zones «séparatistes» hors du contrôle du GIA. Et, pour finir, les djaz’aristes se fixèrent comme objectif le renversement de l’émir national du GIA, Abderrahmane Amine.
El-Djaz’ara accusée de haute trahison envers le GIA
El-Djaz’ara fut accusée d’avoir tenté de neutraliser l’émir du GIA dans le dessein d’arrêter le djihad. Mahfoud Tadjine, dit Abu Khalil, a adhéré à l’organisation El-Djaz’ara en 1987. Dans les années qui suivirent, il devint membre du Djihad islamique palestinien et reçut une formation militaire au Liban. Rentré au pays, soi-disant pour le djihad dans le cadre du GIA, il aurait demandé à Lamara Abdelwahab, dit Larbi, de lui établir un stratagème afin d’en finir avec l’émir de l’organisation terroriste. Mais le plan fut éventé. Lamara Abdelwahab, dit Larbi, est entre les mains du GIA depuis novembre 1995. Il fait ces aveux sans aucune contrainte, sachant qu’il allait bientôt «rencontrer Allah» (qu’il allait être tué). Abu Khalil est également prisonnier du GIA, mais refuse toujours de reconnaître les accusations de trahison qui pèsent sur lui.
Contacts non autorisés des terroristes d’El-Djaz’ara avec des éléments externes au GIA
Contacts en Algérie avec Djeddi et Boukhamkham. Contacts au Soudan pour l’entraînement des terroristes et demande d’aide en armement et finances (par l’intermédiaire de Zitout ?). Contacts en Syrie avec un général français, par l’intermédiaire d’Abu Khalil, afin de négocier l’arrêt du djihad en France, sans l’aval de l’émir du GIA. Les conditions posées à la France par la société secrète étaient : arrêt du soutien à l’Etat algérien (taghout), libération des prisonniers, arrêt des interpellations des militants djihadistes en France.
Enfin, des éléments d’El-Djaz’ara continueraient les collectes d’argent en Arabie Saoudite (Hidjaz) au nom du GIA. En fait, ce dernier avait chargé Mohamed Saïd de cette mission mais, après la découverte du «complot» et l’exécution de ce dernier par le GIA, la délégation n’est plus valide, les djaz’aristes furent sommés de remettre l’argent collecté à qui de droit et d’arrêter de se réclamer du djihad.
Sentence du GIA
Lamara Abdelwahab, dit Larbi, Abdelhamid Boucha et Abu Khalil sont reconnus coupables de bid’a mukathira (ou moqahira ?). Il en est de même pour l’organisation El-Djaz’ara à laquelle ils appartiennent. Elle utilise le principe selon lequel le but justifie les moyens (el-ghâya tubariru el-wassîla). Elle se revendique de la démocratie quand elle lui paraît pertinente et s’y oppose quand elle y voit un obstacle à ses objectifs (mafsada et non maslaha). El-Djaz’ara ne se détourne pas de l’impiété (kofr). Elle reconnaît Abu Hamid El-Ghazali (mo’tazil) et Saïd Haoua (soufi). Elle n’hésite pas devant la bid’a (hérésie). Elle a combattu les tenants de la sunna : les violences entre El-Djaz’ara et les salafistes dans les mosquées n’ont cessé qu’avec le début du «djihad».
Pour ces raisons, Abu Abdelhamid Amin, émir du GIA, a prononcé la condamnation à mort des prisonniers et des autres membres de l’organisation El-Djaz’ara.
Ndlr : Le titre est de la rédaction.
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