Les extraditions réclamées par Alger à l’ordre du jour de la visite de Castex ?
Par Nabil D. – L’extradition de deux cyber-activistes établis en France sera forcément évoquée lors du prochain déplacement du Premier ministre français, Jean Castex, en Algérie, prévu fort probablement ce mois d’avril, selon des sources concordantes. Le déplacement du successeur d’Edouard Philippe dans notre pays était prévu il y a plusieurs semaines, mais il a été retardé en raison de la double absence du président Tebboune qui se trouvait en Allemagne pour des soins médicaux.
Le mandat d’arrêt lancé par la justice algérienne à l’encontre de cinq ressortissants algériens accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de collusion avec une entreprise terroriste liée à des transferts d’argent et révélée par un ancien membre des groupes islamistes armés ayant bénéficié de la Charte pour la paix et la réconciliation pourrait s’ajouter aux points qui seront discutés par les deux parties. La France a, entretemps – hasard de calendrier ? –, promulgué, le 22 mars dernier, une loi autorisant l’approbation de la convention d’extradition entre les gouvernements français et algérien. Laquelle loi stipule : «Est autorisée l’approbation de la convention d’extradition entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire, signée à Alger le 27 janvier 2019.» «La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat», précise le texte publié dans le Journal Officiel le lendemain de sa promulgation.
Cette coïncidence entre l’émission des mandats d’arrêt par le tribunal de Chéraga et le décret français qui en facilite l’exécution résonne comme un accord préalable passé entre Alger et Paris qui tentent tant bien que mal de renouer avec une relation apaisée sur fond d’accusations par les autorités politiques algériennes de tentatives de déstabilisation et d’ingérence dans les affaires internes du pays par médias interposés. Ce que aussi bien l’Elysée que le Quai d’Orsay démentent en mettant en avant l’habituel argument de la liberté de la presse garantie par les lois françaises.
A Alger, on ne voit pas les choses sous le même angle. Le ministre de la Communication a, rappelle-t-on, convoqué le chef du bureau local de la chaîne d’information officielle France 24 pour le mettre en demeure de changer d’approche dans ses couvertures du mouvement de contestation jugée partiale et contraire aux intérêts de l’Algérie. Et ce n’est pas la première fois que les chaînes de télévision françaises provoquent l’ire des autorités algériennes, les reportages et documentaires sur l’Algérie étant produits à foison et empruntant tous la même direction favorable à certains opposants proches de la France.
Au quai d’Ivry, dans le sud de Paris, en tout cas, la bâche géante à l’effigie de Khaled Drareni, déroulée par Reporters sans frontières (RSF) sur la façade d’un immeuble, est toujours visible et appelle toujours à la «libération» du journaliste bien qu’il ait quitté sa cellule depuis plusieurs semaines. Il y a quelques jours, c’est Arte qui a consacré un reportage au transfuge francophone d’Echorouk TV qui recevait chez lui, rue Didouche-Mourad, son avocate Zoubida Assoul et des sympathisants. Preuve que la France continue de couver ses «protégés» et de les utiliser comme une sorte de moyen de «titillement» cyclique du pouvoir en Algérie pointé du doigt pour les atteintes aux libertés.
Jean Castex pourrait être porteur d’un accord d’extradition de Hichem Aboud et d’Amir Boukhars en contrepartie d’accords économiques d’envergure. Ce n’est, en effet, pas pour rien que le chef de l’Exécutif français sera flanqué d’une bonne dizaine de ministres lors de sa visite à Alger, où il tiendra une réunion avec son homologue algérien, Abdelaziz Djerad, et sera reçu par le président Tebboune.
N. D.
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