Le réfugié Mourad Dhina à Swiss Info : «Les groupes armés sont légitimes !»
Par Mohamed K. – Un article paru dans les colonnes de Swiss Info a été sorti du fond du tiroir par des internautes pour rappeler le passé terroriste de Mourad Dhina et, par la même occasion, s’interroger sur la liberté dont ce dernier jouit à Genève alors qu’il lui est interdit de «faire de la propagande». L’article du journal helvétique indiquait clairement, pourtant, que «le chef du bureau exécutif du FIS, établi à Genève, n’a pas le droit d’appeler à la lutte armée depuis le territoire suisse».
Qu’est-ce qui a changé depuis pour que le réfugié islamiste algérien soit autorisé à déverser son fiel sur l’armée algérienne sans arrêt, sachant que le gouvernement suisse lui a signifié cette décision et que le «farouche opposant au régime algérien» s’est plié à cet ordre «comme un toutou» et «sans piper mot», rappellent des observateurs avisés qui remettent au goût du jour la réponse du fondateur du groupe terroriste FIDA à ses «hôtes» : «Il est parfaitement normal et naturel que le Conseil fédéral mette les points sur les i, je ne le prends pas du tout comme une manifestation d’hostilité à mon égard.»
Se contredisant, il assurait n’avoir «ni activités armées ni liens avec un quelconque groupe armé», tout en faisant l’apologie du terrorisme : «En tant que parti politique (le FIS dissous, ndlr), nous disons que, quelque part, il peut être légitime pour des groupes armés de combattre un régime issu d’un coup d’Etat comme celui que nous avons en Algérie.» Mourad Dhina justifiait ainsi les égorgements, les massacres, les voitures piégées et les assassinats ciblés de journalistes, d’universitaires, d’enseignants et autres membres des forces de sécurité, tous corps confondus.
Le journal suisse rappelle, par ailleurs, que Mourad Dhina «a été élu […] responsable par intérim du bureau exécutif du FIS» et mis en avant la crainte du gouvernement helvétique qu’«à ce titre, il (Dhina, ndlr) focalise peu à peu sur la Suisse les forces exilées à l’étranger du mouvement». Le Conseil fédéral a étrangement utilisé le bon terme, «mouvement» au lieu de «parti», puisque le concerné active effectivement au sein d’une organisation islamiste née de la matrice du parti extrémiste FIS et qui a étendu ses tentacules à plusieurs capitales européennes.
L’Algérie s’inquiétait, elle, à l’époque déjà, de la «tolérance dont bénéficiait le requérant d’asile» et en avait fait part auprès de la Suisse. En 2002, le concerné attendait encore d’être fixé sur son sort car l’Office fédéral des réfugiés avait refusé sa demande d’asile en 1996. «Depuis 1999, son recours est pendant devant la Commission suisse de recours en matière d’asile», écrivait alors Swiss Info, qui ajoutait que la Suisse avait «refusé de l’extrader comme le demandait l’Algérie» et que «les infractions reprochées à Mourad Dhina, condamné en 1997 par contumace par un tribunal algérien à vingt ans de réclusion criminelle, ne sont pas punissables en droit suisse».
La question qui se pose est : la justice algérienne a-t-elle mal ficelé le dossier à l’époque alors que les preuves de l’implication de Mourad Dhina dans des actions criminelles et pour apologie du terrorisme étaient évidentes ? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le Département fédéral de justice et police (DFJP) estime, dans une note récente, que «pour le Service de renseignement de la Confédération (SRC), la menace terroriste reste élevée en Suisse». «Aujourd’hui, la police (suisse, ndlr) ne peut en principe intervenir que si une infraction a déjà été commise», souligne le rapport, qui précise que «pour empêcher les attaques terroristes, le Conseil fédéral et le Parlement ont créé avec la loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme (MPT) une base légale permettant à la police d’agir plus facilement à titre préventif».
En matière de prévention, on voit bien que Dhina leur glisse entre les doigts.
M. K.
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