Assoul prise à partie par des partisans du FIS à sa sortie du tribunal d’Alger
Par Houari A. – «Nous sommes bien devant un scénario bis repetita du début des années 1990», alertent des observateurs qui ont assisté, médusés, à l’agression verbale que l’avocate du théologien Saïd Djabelkhir a subie à sa sortie du tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, où son client était jugé suite à une plainte déposée par un islamiste. Zoubida Assoul a eu droit au fameux «Dawla islamia» que les thuriféraires du parti extrémiste dissous scandaient par milliers à travers le pays pour imposer un Etat théocratique qui allait porter le binôme intégriste Abassi-Benhadj au pouvoir.
L’avocate a dû quitter les lieux précipitamment au vu de l’agressivité de la dizaine d’énergumènes qui avaient investi la rue Abane-Ramdane pour s’en prendre à elle parce qu’elle défend celui que les extrémistes considèrent comme un «apostat» en raison de son travail d’exégèse qui contredit les références religieuses immuables en vigueur. Ce n’est pas la première fois que la présidente de l’Union pour le changement et le progrès (UCP) est malmenée ainsi par des éléments actionnés par des cercles qui veulent faire revivre aux Algériens les affres de la décennie noire.
Ayant phagocyté le Hirak, l’ex-FIS, représenté par l’organisation Rachad, élimine toutes les figures de proue des manifestations soit parce qu’elles lui font de l’ombre, soit parce qu’elles s’opposent à ses velléités hégémoniques sur le mouvement de contestation populaire récupéré, depuis plusieurs mois, par les islamistes. La présidente de l’UCP a reçu un avertissement en bonne et due forme dès le premier jour de la reprise des marches à Alger.
«Tu ne représentes pas le Hirak, tiens-toi-le bien pour dit !» avait taclé un groupe de jeunes à l’endroit de la militante. L’interpellation est loin d’être un cas isolé, relevaient déjà des sources informées. C’était, selon ces sources, bel et bien une mise en garde des islamistes qui commencent à «faire le ménage». Une «décantation» qui ne cible pas uniquement les «symboles démocratiques et républicains», mais s’étend à leur propre camp, puisque Samir Benlarbi, pourtant proche de l’ancien numéro deux du FIS, Ali Benhadj, en a, lui aussi, fait les frais pour avoir «osé» porter un jugement défavorable sur les agitateurs outre-mer de Rachad qui actionnent leurs éléments en Algérie à partir de Londres, Paris et Genève.
Avant eux, de nombreuses personnalités qui étaient pressenties pour assurer une période de transition sereine après le départ forcé d’Abdelaziz Bouteflika avaient été vouées aux gémonies, parmi lesquelles l’ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour, l’ex-ministre de la Communication et diplomate Abdelaziz Rahabi, et le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali. Trois démocrates dont la présence au sein du Hirak gênait au plus haut point le FIS, qui renaît sous le vocable de Rachad.
Si la tenue a changé – le kamis et la barbe ne sont plus de mise –, les pratiques sont toujours les mêmes. C’est ainsi que Sofiane Djilali se faisait rabrouer manu militari du cimetière lors de l’enterrement du moudjahid Lakhdar Bouregâa et que Samir Benlarbi se verra intimer l’ordre de quitter la marche de Kherrata, dans la wilaya de Béjaïa, le 16 février dernier.
Zoubida Assoul a eu droit à deux admonestations, en attendant d’autres éléments à «éliminer».
H. A.
Comment (29)