Cette provocation du parti de Macron qui a compromis la visite de Castex à Alger
Par Nabil D. – Mauvais timing ou provocation délibérée ? Le parti d’Emmanuel Macron affirme, par la voix d’une de ses députées, que «La République En Marche se réjouit tout particulièrement de la création d’un comité à Dakhla, précisant que ce comité se situe dans les provinces du Sud marocain», rapporte Maghreb Intelligence. Les représentants du parti au pouvoir en France «promettent également de faire le déplacement à Dakhla pour inaugurer formellement ce nouveau comité dès que les conditions sanitaires le permettront», ajoute le site, qui précise que «cet acte politique majeur qui engage le parti présidentiel français fait suite à de nombreux appels de personnalités politiques françaises appelant la France à emboîter le pas aux Etats-Unis et reconnaître la souveraineté pleine et entière du Maroc» sur le Sahara Occidental.
Ce faux pas qui risque d’irriter Alger intervient à la veille de la visite du Premier ministre français, Jean Castex, en Algérie, flanqué de pas moins de dix ministres pour signer un certain nombre de contrats et d’accords, après que le déplacement de Jean Castex fut reporté par deux fois en raison de l’absence du président Tebboune. Les députés de LREM engagent, par ce geste, l’Elysée, Matignon et le Quai d’Orsay dont il est attendu des explications sur cette violation des lois internationales. Selon des sources proches du dossier, cet acte qui prélude l’ouverture d’un consulat français dans la ville sahraouie occupée de Dakhla est un «point de rupture vers lequel Macron veut aller», ce qui allait pousser l’Algérie à annuler la réunion de la commission intergouvernementale de haut niveau, initialement prévue ce samedi à Alger et reportée sine die.
Dans son interview à Canal Algérie, l’ambassadeur d’Algérie à Paris a dénoncé des lobbies qui «travaillent contre une entente cordiale entre l’Algérie et la France». «C’est une action qui consiste à contrecarrer tout effort de développement entre les deux pays», a-t-il expliqué, tout en affirmant qu’«aujourd’hui, l’Algérie et la France entament une nouvelle période». «Nous sommes certains d’un côté comme de l’autre, a-t-il dit, que des lendemains meilleurs nous attendent, que nous avons besoin de travailler ensemble, que nous avons besoin de nous comprendre.» Paris ne semble pas l’entendre de cette oreille, bien qu’Alger ait fait preuve de sa volonté d’entretenir des relations «excellentes» avec Paris en dépit des divergences profondes entre les deux capitales sur à peu près tous les dossiers internationaux, la France prônant l’ingérence, alors que l’Algérie se défend d’interférer dans les affaires internes des autres Etats.
Une position immuable confirmée par Mohamed-Antar Daoud : «L’Algérie a des principes en politique étrangère. Ces principes sont le droit à l’autodétermination des peuples, la non-interférence dans les affaires intérieures des autres Etats et le respect des frontières héritées au moment de l’indépendance», a-t-il soutenu, avant de poursuivre : «Par conséquent, de par ses principes, l’Algérie dérange énormément.» «Nous avons nos principes et nous les réaffirmons devant toutes les instances internationales, nous ne le disons pas uniquement à la France qui est un pays ami», a-t-il renchéri.
Quelle va être la réaction du président Tebboune à cet affront du parti de son homologue français, avec lequel «il entretient d’excellentes relations» ? – dixit notre ambassadeur à Paris. Abdelaziz Djerad va-t-il exiger des explications à son interlocuteur ou cette provocation provoquera-t-elle une crise diplomatique entre les deux pays sur fond d’ingérences françaises dans le mouvement de contestation algérien, selon les autorités politiques algériennes agacées par le parti pris des médias dominants français en faveur du Hirak ?
N. D.
Comment (79)