La droite française pond une loi contre le drapeau algérien et se fait dézinguer
Par Nabil D. – La droite française est visiblement allergique au drapeau algérien. Elle vient de faire voter un amendement qui permet aux maires d’interdire les emblèmes autres que ceux de la France et des pays de l’Union européenne lors des cérémonies de mariage. La loi qui a fait réagir de nombreux élus français qui ont compris que le texte amendé vise indirectement le drapeau algérien.
«Je ne sais pas si je suis pour l’intégration ou l’assimilation totale, mais je pense qu’on peut parfaitement aimer la France et un autre pays d’origine. Je ne suis, par exemple, pas contre que des jeunes Algériens montrent leur drapeau lors de matchs ou de mariages. Si des gens ont envie de brandir un drapeau algérien, marocain, norvégien, français, ou israélien, ça ne me gêne pas du tout», a affirmé l’avocat franco-israélien Gilles-William Goldnadel sur RMC, dont les propos ont été repris par BFMTV.
La chaîne d’information en continu fait parler des personnalités françaises qui fustigent à l’unanimité le caractère incongru et intempestif d’une telle démarche législative dans un contexte tendu et où un tel acte politique est inopportun «après un an de confinement et de couvre-feu» et «alors qu’on aperçoit seulement le bout de la crise sanitaire». «Les sénateurs ont décidé de s’occuper d’un sujet visiblement plus important, celui des drapeaux étrangers dans les mariages», ironise-t-on à Paris. «On aurait pu croire à un poisson d’avril mais il n’en est rien», commente BFMTV sur un ton sarcastique. Et pour cause.
L’amendement en question entre dans le cadre de la loi contre le séparatisme qui a fait couler beaucoup d’encre avant son adoption par l’Assemblée française. La polémique ne s’est pas totalement éteinte que la droite a remis une couche, sans doute pour détourner les regards vers elle, d’autant qu’elle est laminée et quasi inexistante sur l’échiquier politique français, au même titre que son rival de toujours, le Parti socialiste, avec lequel elle a partagé le pouvoir par alternance depuis la mort de Georges Pompidou.
Des sénateurs n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère pour dénoncer un amendement «scandaleux, à la limite du racisme d’Etat», comme l’a qualifié l’écologiste Thomas Dossus, repris par BFMTV, qui relaie la réaction indignée d’une autre sénatrice, Esther Benbassa : «On va interdire aux Algériens, aux Marocains, etc., de se marier aussi ?» a-t-elle raillé. Les élus de la chambre haute française ne sont pas les seuls à se moquer de cet ajout à une loi déjà controversée. C’est le cas, notamment, d’une avocate, Marie-Anne Soubré, qui s’est demandée «ce qu’ils ont d’autre comme boulot à faire». «Ce qui me révolte, a-t-elle fulminé sur le plateau de BFMTV, c’est qu’on en soit à discuter de conneries pareilles.» Et d’ajouter sur le même ton irrité : «Il n’y a rien de plus intime qu’un mariage et on va venir me dire quel drapeau je dois brandir ou non à un mariage ? S’ils n’ont rien d’autre à faire, qu’ils arrêtent tout de suite leur mandat de sénateur !» La juriste a renchéri en affirmant qu’«ce qu’ils visent, c’est bien sûr les drapeaux algériens». «C’est un scandale. On les paye pour des trucs comme ça, c’est notre argent !» s’est-elle emportée.
La droite française, qui braconne depuis toujours sur le terrain du Rassemblement national sans parvenir à sortir la tête de l’eau depuis la défaite de Nicolas Sarkozy face au socialiste François Hollande, lui-même remisé au placard pour longtemps, en même temps que le moribond PS, tend ainsi la perche au raciste égyptien naturalisé Jean Messiha et consorts qui ont fait de la haine à l’égard de l’Algérie et des Algériens leur fonds de commerce et dont même Marine Le Pen, la cheffe de file du Rassemblement national, s’est démarquée pour éviter de traîner ces boulets lors de sa candidature à la présidentielle de 2022.
N. D.
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