Comment un projet de loi annoncé en Algérie a semé la panique en France
Par Mohamed K. – Avec plus de cinq millions d’Algériens établis en France, dont un grand nombre de binationaux, si l’idée de la déchéance de la nationalité décidée puis abandonnée par le gouvernement en Algérie avait été adoptée, la France aurait été directement impactée. En tout cas, c’est ce que pense la sénatrice de droite Valérie Boyer qui a adressé une question au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Cette mesure «implique que des Algériens pourraient devenir apatrides et rester en France et en Europe», a affirmé l’élue Les Républicains qui a interrogé le locataire de Beauvau sur le nombre de binationaux franco-algériens, leur âge, leur sexe, les zones géographiques où ils vivent en France et la nature du titre de séjour – visas étudiants, visas de tourisme, etc.
«Il est important de rappeler que ce projet est envisagé dans un contexte de flux migratoire important», a indiqué la sénatrice des Bouches-du-Rhône, en précisant qu’«à l’été 2020, en seulement quelques semaines, plus de 2 500 Algériens avaient rejoint les côtes de la région de Murcie, en Espagne, contre 1 900 sur l’ensemble de l’année 2019» et qu’«aux Baléares, plus de 60 embarcations avec près de 900 personnes à bord avaient aussi accosté dans l’archipel. Un autre record». «Et à Almeria, en Andalousie, a-t-elle renchéri, des mafias proposent la traversée en moins de cinq heures pour 3 000 euros dans des embarcations ultrarapides». «Au total, l’exode algérien représente, selon le dernier bulletin de l’Agence européenne de garde-frontières Frontex, les deux tiers des traversées de migrants en Méditerranée occidentale», a insisté Valérie Boyer.
«Le nombre d’Algériens repérés en Espagne, après leur arrivée illégale par la mer, a atteint en 2020 le chiffre record de 11 450», a-t-elle encore dit, en soulignant que «cette nouvelle pression migratoire a d’ailleurs conduit, au début de cette année, à la fermeture par la France de 15 points de passage avec l’Espagne». «Ce projet de réforme en Algérie doit, par conséquent, nous interroger», a fait remarquer la sénatrice, en rappelant que «le Président algérien a d’ailleurs évoqué, en juillet 2020, le chiffre de plus de 6 millions d’Algériens vivant en France».
La question de la sénatrice intervient à un moment de tension entre l’Algérie et la France. Une tension que la partie française tente d’atténuer, selon des responsables politiques français qui essayent de justifier l’annulation in extremis de la visite du Premier ministre français à Alger par des motivations liées à la crise sanitaire. Or, des sources informées ont indiqué à Algeriepatriotique que la raison réelle en est la provocation de membres du parti d’Emmanuel Macron qui se sont rendus dans la ville sahraouie occupée de Dakhla, la veille du déplacement de Jean Castex en Algérie, dans le cadre de la réunion du comité intergouvernemental de haut niveau.
Le président Tebboune a annoncé, lors de sa dernière intervention télévisée, l’abandon de ce projet de loi portant déchéance de la nationalité algérienne pour tout ressortissant commettant à l’étranger des actes préjudiciables aux intérêts de l’Etat, en raison, a-t-il expliqué, de la mauvaise interprétation qui en a été faite et les remous qu’elle a suscités au sein de l’opinion publique.
M. K.
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