La menace ne vient pas du Maroc et le séparatisme est ailleurs qu’en Kabylie
Contribution de Mesloub Khider – Contrairement aux approches de nombreux analystes qui suspectent le Maroc d’être coupable de velléités guerrières contre l’Algérie, la menace ne vient pas de ce côté-là de la frontière. C’est même accorder à cette déliquescente monarchie trop d’honneur en la gratifiant de pouvoir de nuisance infaillible, de capacité de destruction imparable.
En effet, le Maroc, pays semi-féodal semi-colonisé, embourbé dans une récession économique et une crise de légitimité institutionnelle, dépourvu d’une armée puissante susceptible de mener une guerre moderne, ne représente en fait aucun danger pour l’Algérie.
En dépit des rodomontades bellicistes de ses narco-dirigeants et de ses serviles journalistes va-t-en-guerre, le Maroc ne dispose pas de forces armées performantes pour se lancer dans une suicidaire guerre contre l’Algérie. L’Etat marocain est tout juste capable de mener des opérations de maintien de l’ordre contre la population sahraouie, déshéritée et désarmée, de faire régner la terreur dans le territoire occupé sahraoui, notamment par sa police haillonneuse et des bandes de civils déguenillés armés.
Au reste, les gesticulations bellicistes actuelles de la monarchie anachronique moribonde visent en vérité à occulter la fragilité d’un régime aux abois. En effet, la récente intervention militaire contre le Sahara Occidental (dernier vestige, avec la Palestine, colonial) a pour unique dessein de détourner l’attention des masses populaires miséreuses marocaines, mobilisées depuis des mois dans de multiples révoltes sociales contre le royaume chérifien. Pour éteindre les brasiers incendiaires des revendications sociales du peuple marocain paupérisé, le régime despotique colonial s’est attelé diligemment à allumer un feu nationaliste plus festif, susceptible d’enflammer la fibre patriotique marocaine, depuis quelque temps ternie par la crise économique, la répression policière et la normalisation de ses relations avec Israël.
Ainsi, la population misérable marocaine est-elle appelée à communier avec ferveur en faveur des exaltations chauvines et des manœuvres impérialistes chérifiennes dirigées contre le Sahara Occidental. Cette exhibition ostentatoire de la force ressemble, à s’y méprendre, à une farce. Cette fébrilité de la diplomatie marocaine, illustrée par la célébration de ses noces voluptueuses avec l’Etat (l’étalon) sioniste, s’apparente à une danse du ventre, tout juste bonne à exciter la concupiscence des partenaires plénipotentiaires. Activités voluptueuses dans lesquelles excelle la monarchie touristique libidineuse.
Nul doute, dans l’éventualité d’une opération militaire dirigée contre l’Algérie, il est improbable que la population marocaine maintienne sa fidélité et son soutien au régime chérifien, désormais discrédité depuis la normalisation de ses relations avec l’entité sioniste. Le peuple marocain ne cautionnera jamais une telle entreprise militaire dirigée contre ses frères algériens. Non seulement il se désolidarisera du régime chérifien dictatorial par une mobilisation massive contre la guerre, mais il saisira cette opportunité pour abattre définitivement l’anachronique monarchie moyenâgeuse, déjà contestée par des manifestations, comme Algeriepatriotique l’a rapporté dans son édition du 12 avril 2021 : «Si, d’habitude, les manifestants s’en prennent au gouvernement et épargnent le roi, cette fois-ci, le Makhzen est directement vilipendé et sa déchéance réclamée.»
A focaliser les projecteurs médiatiques alarmistes sur ce pays semi-féodal, on lui prête, et une influence politique immotivée et une puissance militaire imméritée. On peut conjecturer que la survie du régime monarchique est en sursis, sa disparition imminente, sous l’effet conjugué de la crise économique, de la paupérisation généralisée de la population marocaine, de l’insurrection populaire.
En réalité, la menace d’invasion de l’Algérie viendrait de l’autre rive de la Méditerranée, plus précisément de la France. En effet, la France (déjà présente aux frontières de l’Algérie avec son éternelle opération Barkhane, au Mali, Niger, Mauritanie, etc.), pour d’évidentes motivations géostratégiques primordiales et vitales, n’hésitera pas à envahir de nouveau l’Algérie. Cette conquête se fera même avec l’aval de certains dirigeants algériens soucieux de perpétuer leur domination sur le pays.
Je m’explique.
Avec l’accélération et l’approfondissement de la crise économique en Algérie, la dégradation des conditions de vie va provoquer inévitablement des explosions sociales permanentes. Des révoltes récurrentes.
En absence d’amélioration notable de la situation économique du pays, les contestations sociales revêtiront inéluctablement un caractère insurrectionnel. Une guerre civile plus sanglante que celle de la décennie noire est susceptible d’embraser l’Algérie. A la faveur de cette crise économique et instabilité institutionnelle, les mouvements irrédentistes vont s’enhardir et s’engouffrer dans cette brèche afin de proclamer leur indépendance. Il est à redouter la prolifération de mouvements sécessionnistes. A cet égard, force est de relever que, contrairement à l’opinion communément partagée par tous les Algériens, le séparatisme le plus périlleux ne vient pas de la Kabylie, qui ne recèle aucune richesse. Mais du Sud algérien, région pétrolifère, nourricière de l’Algérie.
Sans conteste, l’intensification des révoltes sociales et la prolifération des mouvements sécessionnistes vont inexorablement menacer la stabilité du pays. Entraînant immanquablement la dislocation de l’Etat algérien. Dans un tel contexte social apocalyptique, par instinct de survie, de nombreux Algériens chercheront refuge dans des pays sûrs. Avec l’importante communauté algérienne établie en France et dans les pays européens, chiffrée en millions, la tentation pour chacun de ces membres de sauver leurs proches installés dans cette Algérie en pleine déliquescence est évidente, surtout naturelle.
C’est dans cette perspective apocalyptique qu’il faut inscrire l’intervention de la France en Algérie pour conjurer ce sombre scénario, à savoir le déferlement de millions d’Algériens sur le territoire français, et plus largement européen.
A la fois pour neutraliser cette «invasion» et, essentiellement, prévenir la sécession du Sud algérien susceptible de tomber aux mains d’une nouvelle classe dirigeante indépendantiste, favorisant les intérêts d’un autre pays rival, la France renouera avec sa politique colonialiste. Elle n’hésitera pas à lancer une intervention militaire contre l’Algérie pour obvier cette tragique orientation. Pour assoir sa domination, la France ne ménagera pas ses efforts militaires en vue d’installer un pouvoir entièrement inféodé à ses intérêts. Somme toute, la France se chargera, en gendarme européen, de rétablir l’ordre, même au prix d’une intervention militaire coûteuse. Elle n’aura pas d’autre choix que de devoir pacifier le pays, quitte à sacrifier des milliers d’Algériens enrôlés dans les rébellions ou la résistance.
De surcroît, pour réussir cette entreprise de sauvegarde de ses intérêts, la France sera contrainte de mettre en œuvre un plan de développement économique opérationnel (équivalent du Plan Marshall) afin de remettre la société algérienne sur les rails de la normalité institutionnelle et sociale, évitant ainsi l’exode de millions d’Algériens vers la France, l’Europe.
Certes, il s’agit d’une analyse géostratégique iconoclastique, d’une thèse prospective personnelle, mais à méditer collectivement avec attention.
M. K.
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