Les Algériens essuient un tir groupé de la droite et de l’extrême-droite françaises
Par Kamel M. – Quatre événements sont venus confirmer la montée de la tendance anti-algérienne en France. Outre les campagnes de dénigrement habituelles, les crises passagères récurrentes entre les gouvernements des deux pays et les reportages clé-en-mains qui provoquent l’ire des autorités algériennes à chacune de leurs diffusions calées sur des événements précis, les milieux politiques s’en mêlent ouvertement en s’en prenant avec hargne à l’Algérie et aux Algériens.
Le raciste égyptien naturalisé français Hossam Messiha, rebaptisé Jean, s’est fendu d’un nouveau tweet en réaction à la sortie incongrue de Hachemi Djaâboub sur la France qui «est notre ennemie éternelle», a-t-il lâché – est-ce son rôle ? –, en retournant les propos de ce ministre islamiste qui n’engagent que sa personne contre l’ensemble des Algériens, s’en prenant plus particulièrement à la communauté algérienne établie en France, des «flopées d’Algériens», a-t-il écrit, qu’il traite, comme à son habitude, avec vilenie.
Un nostalgique de l’Algérie française s’en allé, lui, faire une «projection de ce que serait devenu le vivre-ensemble en Algérie dans les années qui auraient suivi l’indépendance». «En Algérie, rumine-t-il, les Arabes auraient pratiqué sur les pieds-noirs l’obligation de se convertir par le sabre et par la force, puisqu’il s’agissait bien davantage d’une guerre de religion que d’indépendance.» Et de ressasser : «La valise ou le cercueil, il s’agissait bien de la seule solution qui nous était proposée. Nous l’avions tous compris !»
Sur un autre registre, plus officiel, les sénateurs de droite avaient fait voter une loi interdisant les drapeaux «étrangers» lors des cérémonies de mariage dans les mairies. Le subterfuge n’a pas fonctionné, puisque l’amendement apporté par les copartisans de Rachida Dati à la loi sur les séparatismes, controversée et, du coup, rebaptisée «loi sur le renforcement des principes de la République» vise indirectement le drapeau tricolore algérien. En tout cas, c’est comme cela que de nombreux Français ont compris cette entourloupe des Républicains à l’agonie, qui braconnent ainsi sur le terrain du Rassemblement national, dans la perspective de la prochaine échéance présidentielle qui donne Marine Le Pen favorite devant le président sortant.
Plus récemment encore, une sénatrice de la même obédience s’est inquiétée de ce que le projet de loi sur la déchéance de la nationalité proposé par le gouvernement Djerad puis abandonné par le président Tebboune, pour des raisons qu’il a expliquées lors de sa dernière entrevue télévisée, allait avoir comme conséquences directes sur la France au regard du grand nombre d’Algériens et de Franco-Algériens établis dans l’Hexagone.
Ces attaques, faut-il le rappeler, coïncident avec deux profanations de mosquées à Rennes et Nantes, l’une ayant subi des tags d’une violence inouïe et l’autre ayant échappé à un incendie. Ce, la veille du mois sacré de Ramadhan. Si le président de l’Observatoire contre l’islamophobie s’est élevé avec la dernière énergie contre ces actes islamophobes encouragés, selon lui, par le discours haineux véhiculé par des personnalités politiques à travers les médias lourds, le recteur de la Mosquée de Paris en a surpris plus d’un en affirmant qu’«il n’y a pas du tout un climat antimusulman en France». Le successeur de Dalil Boubakeur va ainsi jusqu’à contredire le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lui-même qui s’est dit «choqué» par la violence des tags inscrits sur les murs du centre islamique de Rennes où il s’était déplacé pour marquer son soutien à la communauté musulmane et exprimer sa colère face à une telle ignominie.
K. M.
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