Un nouveau clin d’œil de Netanyahou à l’Algérie à l’occasion du Ramadhan
Par Abdelkader S. – Joseph Haddas, ancien directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, du temps de David Lévy, affirmait à un journaliste algérien, en marge de la conférence internationale sur la paix au Proche-Orient qui s’est tenue à Madrid en octobre 1991, que les «Israéliens considèrent qu’aucune paix pérenne ne peut se faire avec le monde arabe sans l’Algérie». La veille de Ramadhan, le Premier ministre de l’Etat hébreu appelait de ses vœux un ralliement prochain d’autres pays arabes et musulmans à la normalisation avec Israël. Liés, ces deux faits démontrent que Benyamin Netanyahou s’adresse surtout à l’Algérie, le pays le plus hostile à l’entité sioniste. Car que reste-t-il du monde arabe, sinon des monarchies inféodées et des Républiques solidaires de la Palestine aujourd’hui désagrégées, hormis une Algérie vent debout contre les visées déstabilisatrices qui la ciblent.
Ce n’est pas la première fois que le chef du gouvernement israélien fait un appel du pied à l’Algérie. Son apparition devant une carte géographique comportant une ligne de démarcation nette entre le Maroc et le Sahara Occidental, il y a quelques semaines, a choqué les Marocains. D’autant qu’il n’y a aucune chance qu’il puisse s’agir d’une erreur protocolaire de la part d’un régime aussi pointilleux que celui de Tel-Aviv. Il y avait derrière la carte exhibée de façon ostentatoire par Benyamin Netanyahou, au lendemain de l’annonce par Trump de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, une série de messages adressés de façon subliminale au successeur de Trump, au Makhzen, mais aussi à l’Algérie, constataient des observateurs avisés.
Ces derniers avaient vu dans ce «respect de la légalité internationale», dans le cas sahraoui par Benyamin Netanyahou, un appel du pied à l’Algérie dont il ne désespère pas qu’elle finirait par rejoindre les pays normalisateurs. Le Premier ministre israélien aurait ainsi fait un clin d’œil au voisin du Maroc dont le poids dans la région est le seul à même de faire basculer le conflit israélo-arabe dans un sens comme dans un autre. Israël ne perd pas espoir de voir l’Algérie effectuer un changement brusque d’orientation, bien que cela relève moins de la realpolitik que de la chimère, tant que des territoires palestiniens et syriens seront occupés et que la politique expansionniste et belliqueuse du régime raciste de Tel-Aviv continuera d’être le credo et le fondement de l’entité sioniste.
Aux Marocains, le chef de l’Exécutif israélien avait voulu signifier clairement que la normalisation est à sens unique et que seul Israël a le pouvoir de fixer les règles et de décider des conditions qui doivent régir ses futures relations tant avec le Maroc qu’avec les autres pays qui ont paraphé le traité, rédigé à Washington par Jared Kushner sous la supervision du puissant lobby sioniste. Si Donald Trump s’était empressé d’offrir un territoire qui ne lui appartient pas et dont le dossier litigieux se trouve toujours sur le bureau du secrétaire général de l’ONU, le gouvernement israélien ne voulait pas braquer sur lui la communauté internationale au moment où il s’apprêtait à annexer une grande partie de la Cisjordanie. «Normaliser les relations, d’accord ; mettre l’Etat hébreu dans l’embarras, non !» semblait dire Benyamin Netanyahou au roi Mohammed VI et à son maître à penser, l’omnipotent André Azoulay.
A. S.
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