Nouvelle réunion de Rachad en Turquie : Erdogan complote, l’Algérie laisse faire
Par Mohamed K. – Les responsables de Rachad se sont réunis une nouvelle fois avec des responsables turcs dans les villes d’Istanbul et Antalya, rapporte le quotidien arabophone El-Khabar dans son édition de ce jeudi, en se référant à ses propres sources. Ce conclave, qui n’est pas le premier, sera-t-il la goutte qui fera déborder le vase et pousser, enfin, les autorités algériennes à prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin aux dangereuses manœuvres d’Ankara ?
Des sources concordantes avaient indiqué, en août 2020, que la dizaine de membres de l’organisation islamiste s’étaient également réunis en conclave en Turquie. Ces mêmes sources précisaient que le chef de file de ce mouvement se trouvait dans le sud de la Turquie où il s’était réuni avec des éléments des services secrets turcs et des figures de proue de la secte des Frères musulmans entretenus par Ankara et Doha.
Parmi les personnes rencontrées par Larbi Zitout, sous les auspices des services secrets de Recep Tayyip Erdogan, le leader islamiste libyen Ali Al-Salabi, directeur de la chaîne Ahrar Libya, qui émet à partir d’Istanbul et dont Rachad veut s’inspirer pour créer la sienne. Zitout avait également rencontré Azmi Bishara, le théoricien du «printemps arabe», ancien membre de la Knesset israélienne et proche conseiller des émirs du Qatar, père et fils. Azmi Bishara dirige la chaîne-miroir d’Al-Jazeera, Al-Araby et le journal éponyme et l’Egyptien Ayman Nour, soutien de Mohamed Morsi et propriétaire de la chaîne Al-Sharq, elle aussi basée en Turquie.
Larbi Zitout a justifié le terrorisme islamiste durant la décennie noire, en affirmant, dans un de ses enregistrements aussi pléthoriques que lucratifs – ses rentrées sont estimées à plusieurs milliers de dollars par jour – que les terroristes étaient «en droit» de prendre les armes contre la «junte au pouvoir», qualifiant les terroristes de «résistants». Il a également estimé que le fait de prendre les armes «est une forme de légitime défense», incitant ainsi les jeunes Algériens à suivre le chemin de ses partenaires du FIS qui, au début des années 1990, appelaient, comme lui, à «se servir de la Kalachnikov».
Anouar Malek, un ancien sympathisant de cette mouvance, a lui-même démasqué Rachad et ses animateurs et mis en garde contre les actions de «provocation» et d’«incitation à la violence» menées par cette nébuleuse. L’ancien membre de la commission d’enquête de la Ligue arabe en Syrie a expliqué que le but de cette phalange est de pousser au pourrissement de la situation, de sorte à provoquer des dérapages pour justifier la constitution de groupes armés. «Le mouvement Rachad profite de la situation chaotique en Libye pour, espère-t-il, obtenir des armes à partir de ce pays», a-t-il encore révélé.
Erdogan a récidivé après son congrès de l’«Oumma», organisé à Istanbul en avril 2011, en pleine effervescence dans la région, qui allait faire tomber les régimes de Hosni Moubarak en Egypte, Ali Abdallah Salah au Yémen, Zine El-Abidine Ben Ali en Tunisie et Mouammar Kadhafi en Libye, et provoquer une guerre meurtrière en Syrie où le sultan d’Ankara s’est cassé les dents mais continue, néanmoins, de provoquer Moscou en bombardant une base pro-russe. L’Algérie, qui avait failli être entraînée dans le fleuve en furie du «Printemps arabe», a résisté et a été épargnée par le plan ourdi par Doha et Ankara.
Le mouvement Rachad faisait partie des dix organisations qui avaient été «convoquées» par l’AKP à Istanbul en avril 2011, à l’occasion d’un conciliabule qui avait été couronné par une déclaration qui légitimait la «révolution arabe populaire pacifique», et appelait au «droit de tous les peuples arabes à la liberté, à la justice et au choix de leur gouvernement» et – comble de l’ironie – condamnait «toute ingérence étrangère». Neuf ans plus tard, les représentants de cette mouvance applaudissaient à l’unisson la décision d’Ankara d’envoyer des troupes au sol en Libye et assuraient à la démarche expansionniste flagrante d’Erdogan une propagande effrénée.
M. K.
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