La stabilité en Méditerranée passe par une entente entre l’Algérie et la France
Contribution d’Abderrahmane Mebtoul – La stabilité de la région euro-méditerranéenne passe par une entente entre l’Algérie, qui côtoie bon nombre de pays à ses frontières très fragiles qui menacent sa sécurité, et la France du fait que cette dernière, pour des raisons historiques, tisse d’étroites relations avec bon nombre de pays limitrophes à l’Algérie.
De ce fait, outre la réduction de la délégation française alors que de nombreux dossiers étaient à examiner, il était inapproprié, à la veille de cette visite, qu’un groupe parlementaire proche du parti du président français déclare créer une antenne au niveau du Sahara Occidental au moment où, à la demande des Etats-Unis, le Conseil de sécurité devrait se réunir prochainement pour désigner un nouveau émissaire et qu’une importante délégation militaire française ait été reçue par le chef d’état-major de l’ANP avec pour but la stabilité régionale et la décontamination suite aux essais nucléaires français, où la responsabilité française est entière comme reconnu dans plusieurs rapports d’experts français.
Comme était inappropriée la déclaration du ministre du Travail algérien dans un langage non diplomatique et provocateur qui a qualifié, le 8 avril 2021, au Sénat la France, ex-puissance coloniale, d’«ennemi traditionnel et éternel» de l’Algérie, qui doit se cantonner dans sa mission, étant membre du gouvernement et non se substituer au ministre des Affaires étrangères.
La leçon à retenir, c’est que les nouvelles relations internationales ne se fondent plus sur des relations de chef d’Etat à chef d’Etat ou de ministre à ministre mais sur des réseaux, et là il faut souligner que l’Algérie accuse un retard important. Tout en évitant d’instrumentaliser l’histoire, n’ayant de leçons de patriotisme à recevoir de personne, étant issu d’une grande famille de révolutionnaires, feu mon père ayant été emprisonné entre 1958-1962 à El-Harrach et Lambèse, il s’agit aujourd’hui – comme je l’ai souligné il y a quelques années (2014) lors d’une conférence, au Sénat français, à l’invitation de mon ami Jean-Pierre Chevènement, ancien président de l’association Algérie-France et grand ami de l’Algérie – de dépassionner les relations afin de favoriser la stabilité des deux rives de la Méditerranée et de préparer ensemble notre avenir à l’horizon 2025-2030, où l’on devrait assister à une profonde reconfiguration géostratégique de la région, ce qui nous impose d’entreprendre ensemble.
L’Algérie entend ne pas être considérée comme un simple marché. Pour cela, nos deux pays doivent avoir une vision commune de leur devenir, et ce afin de contribuer ensemble à la stabilité régionale et au codéveloppement grâce au dialogue des cultures et la tolérance, sources d’enrichissement mutuel, ne devant pas occulter la mémoire indispensable pour consolider des relations durables entre l’Algérie et la France. Il s’agit, en ce monde impitoyable, où toute nation qui n’avance pas recule, de préparer ensemble l’avenir par le respect mutuel. Pour ma part, j’ai toujours souligné que l’Algérie entend ne pas être considérée sous la vision d’un simple marché et qu’il faille favoriser un partenariat gagnant-gagnant. Et c’est dans ce cadre que doit rentrer la coopération entre l’Algérie et la France, loin de tout préjugé et esprit de domination.
A. M.
Expert international, professeur des universités
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