Biden nomme Elizabeth Moore Aubin ambassadrice des Etats-Unis à Alger
Par Houari A. – Le département d’Etat américain a nommé Elizabeth Moore Aubin ambassadrice des Etats-Unis à Alger, a-t-on appris de sources sûres. La remplaçante de John Desrocher est, depuis janvier 2021, secrétaire-adjointe principale par intérim du Bureau des affaires du Proche-Orient (NEA). Cette nomination est corrélée au changement de cap radical opéré par le successeur de Donald Trump dans la région. Joe Biden et son secrétaire d’Etat, Antony Blinken, ayant pris sur eux d’effacer d’un revers de main toutes les décisions prises par l’ancien locataire de la Maison-Blanche, notamment en ce qui concerne le dossier sahraoui.
La nouvelle ambassadrice désignée à Alger, qui détient le grade de ministre conseiller, a une carrière diplomatique remplie, preuve que l’administration Biden compte renforcer la coopération avec l’Algérie, une coopération entachée par la politique hasardeuse de Donald Trump qui a clairement affiché son alignement sur le régime de Rabat dont il a «acheté» la normalisation avec Israël en contrepartie d’une violation flagrante des lois internationales, en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. Une reconnaissance annulée dès l’avènement de Joe Biden au pouvoir à la suite d’élections présidentielles mouvementées.
Le déjà ex-ambassadeur John Desrocher s’était illustré par ses nombreux déplacements à travers le pays, en compagnie de son épouse, et ses déclarations dithyrambiques à l’égard de l’Algérie et des Algériens. Mais cette hyperactivité avait semé le doute chez de nombreux observateurs et, sans doute aussi, auprès des autorités politiques et sécuritaires algériennes qui y voyaient une sorte d’«ingérence déguisée», si bien que le diplomate américain a cessé ses sorties et s’est montré moins prolixe. C’est, cependant, son chargé d’affaires, Gautam Rana, qui a provoqué une polémique, début avril, en s’exprimant sur le retour des manifestations et la situation des droits de l’Homme en Algérie, sur la chaîne arabophone américaine Al-Hurra. Une intervention qui a été très mal perçue par le gouvernement algérien et applaudie par les animateurs de la protesta qui y ont vu un désaveu, voire une mise en garde de Washington à l’endroit du pouvoir et un soutien au Hirak.
Il va de soi que le choix fait par l’administration Biden s’inscrit en droite ligne dans les réajustements que le nouveau président américain compte insuffler à la politique étrangère de son pays dans la région du Maghreb où l’Algérie joue un rôle pivot dans la guerre que mène la communauté internationale contre le terrorisme islamiste. Biden semble craindre que l’emballement de son prédécesseur à troquer la souveraineté du territoire sahraoui occupé contre un pacte scellé par le Makhzen avec l’Etat hébreu fasse perdre aux Etats-Unis une coopération fructueuse avec une armée algérienne qui multiplie les acquisitions auprès de son allié historique russe, dans un contexte pour le moins explosif.
De lourds dossiers attendent Elizabeth Moore Aubin à Alger.
H. A.
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