Fraissinet à Dakhla : ce n’est pas une affaire de marocanité mais de gros sous
Par Kamel M. – Ce n’est qu’une affaire de fric et de bizness, finalement. Il n’est question ni de soutien diplomatique ni encore moins d’adhésion à une cause. Loin s’en faut. D’après Africa Intelligence, qui suit le dossier marocain dans ses moindres recoins, les instigateurs de la manœuvre de Dakhla «à l’insu de Macron» ont flairé le filon. Qui sont-ils ? Le site panafricain explique d’abord qu’ils sont tous liés par des intérêts pécuniaires. Parmi eux, une cousine du roi Mohammed VI, répondant au nom de Noufissa El-Yacoubi.
Claude Fraissinet, qui active «en tandem avec Mireille Malbos, associée dans le tourisme à la princesse Noufissa El-Yacoubi», «ne s’était jusque-là jamais impliqué dans la vie de l’antenne marocaine de LREM, mais il est proche du référent du parti pour le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest Jaoued Boussakouran, lui-même fidèle lieutenant de M’Jid El-Guerrab, député des Français résidant dans ces deux régions et fervent défenseur du Sahara marocain», écrit Africa Intelligence. «Et sa proposition de créer une antenne à Dakhla a rapidement été validée par le comité politique national de LREM», démentant ainsi le semblant de désaveu prononcé par le bras droit de Jean-Yves Le Drian qui répondait à une question véhémente du député communiste Jean-Paul Lecoq.
Autre soutien «sans faille» dans les rangs du parti macroniste, la députée Marie-Christine Verdier-Jouclas, porte-parole du groupe LREM à l’Assemblée nationale et vice-présidente du Groupe d’amitié France-Maroc, qui «s’active depuis longtemps pour jeter des ponts entre son département et les provinces du sud marocaines, accueillant notamment une délégation de la région de Dakhla en 2019», rappelle Africa Intelligence qui parle d’un «tandem Fraissinet-Malbos bien branché dans les affaires».
Si Claude Fraissinet est «depuis longtemps l’un des plus ardents défenseurs du Sahara marocain et des investissements dans le territoire contesté», c’est parce qu’«il est, à travers sa société AMB Dakhla, distributeur de matériel industriel et de machines d’emballage destinés au maraîchage intensif et à l’industrie halieutique», révèle le site, en précisant que «ces deux secteurs très dynamiques sont les fers de lance de la stratégie économique du Maroc dans le territoire contesté».
Quant à Mireille Malbos, elle est «active dans l’industrie touristique régionale, qui connaissait une croissance exponentielle jusqu’au début de la pandémie de Covid-19», souligne Africa Intelligence, en précisant qu’elle est dirigeante du Sarga Surf Camp, qu’elle exploite et détient en partenariat avec Océan Vagabond Dakhla, l’un des nombreux hôtels ouverts sur la lagune par la cousine de Mohammed VI. «Sarga Surf Camp compte aussi parmi ses actionnaires Jérôme Sahyoun, fils de Roger Sahyoun, patron du mastodonte du BTP marocain Somagec», fait savoir le média, selon lequel cette firme est candidate à la construction du port en eaux profondes Dakhla Atlantique, «principal projet d’infrastructure mené par le Maroc dans la région».
Voilà les Marocains, à qui le Makhzen fait avaler la pilule souverainiste et la couleuvre de l’intégrité territoriale, informés des manœuvres de la famille régnante et de ses relais français et pro-israéliens qui montrent leurs crocs à travers leurs dévorantes ambitions mercantilistes.
K. M.
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