Financement d’activités subversives : de quelle ambassade parle la DGSN ?
Par Mohamed K. – Le communiqué rendu public ce mardi par la DGSN, faisant état de l’arrestation d’une «bande criminelle financée par une représentation diplomatique à Alger» est de nature à créer une grave crise diplomatique entre l’Algérie et le pays concerné tant l’accusation est gravissime. «Les services de Sûreté de la wilaya d’Alger ont arrêté une bande criminelle, composée de huit individus, s’adonnant à des activités culturelles subversives financées par une représentation diplomatique à Alger» a, en effet, révélé la police algérienne qui précise que ladite représentation appartient à une «grande puissance étrangère», sans la nommer.
Les regards se braquent naturellement vers l’ambassade de France, en ce sens que l’ambassadeur François Gouyette a été accusé récemment de s’ingérer dans les affaires internes de l’Algérie. Une accusation balayée d’un revers de main par l’ambassade qui a démenti, la semaine dernière, toute velléité d’«intervention dans la vie politique algérienne» ou d’«incitation» de «quelque parti que ce soit à adopter une quelconque position vis-à-vis des scrutins algériens».
«Les échanges qu’il [l’ambassadeur, ndlr] mène avec l’ensemble des acteurs du spectre politique algérien ont pour objectif le renforcement des relations bilatérales. C’est la mission de tout ambassadeur en poste. L’ambassadeur François Gouyette la conduit dans le plein respect de la souveraineté de l’Algérie», soulignait l’ambassade de France à Alger dans un communiqué.
Or, cette affaire d’interpellation de huit personnes qui auraient obtenu un financement et acquis des équipements et du matériel technologique moderne utilisés dans la production de films et de documentaires provocateurs et la réalisation de pancartes et d’affiches pour les utiliser à des fins subversives lors des marches populaires, vient étayer la version officielle algérienne qui pointe des tentatives répétées de la France d’œuvrer à déstabiliser l’Algérie. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de déclarations irritantes de personnalités politiques françaises ou de reportages blessants de médias français, mais d’une «source du financement étranger» que les prévenus «ont avoué avoir reçu […] sous le couvert d’une prétendue activité culturelle».
Les choses sont allées vite depuis l’annulation de la visite du Premier ministre français, Jean Castex, à Alger. Une visite programmée de longue date puis reportée sine die à la dernière minute à la demande exprès des autorités algériennes, après que des représentants du parti du président Macron eurent fait le déplacement à Dakhla où ils ont ouvert une antenne de LREM, sans, assure-t-on à Paris, le consentement de l’Elysée et du Quai d’Orsay. L’argument n’a pas convaincu Alger qui a vu dans cette démarche de députés français du parti au pouvoir une provocation et une violation du droit international.
L’ambassadeur d’Algérie à Paris avait fait savoir, dans un entretien à Canal Algérie, qu’«il y a des lobbies qui travaillent contre une entente cordiale entre l’Algérie et la France». «C’est une action qui consiste à contrecarrer tout effort de développement entre les deux pays», avait ajouté Mohamed-Antar Daoud. «Nous avons nos principes et nous les réaffirmons devant toutes les instances internationales, nous ne le disons pas uniquement à la France qui est un pays ami», avait-il dit.
M. K.
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