Je me serais senti concerné par le combat berbériste, si…
Contribution de Youcef Benzatat – Je me serais senti concerné par le combat berbériste s’il revendiquait la part amazighe de l’infinité d’éléments ethniques ayant contribué à la formation de la composante humaine du peuple algérien depuis près de 3000 ans. Depuis l’établissement sur nos côtes de comptoirs phéniciens ayant drainé des populations d’origines multiples et qui ont fini par se métisser avec nos ancêtres les Amazighs. Auxquels se sont rajoutés d’autres peuples venus du nord, du sud, de l’est et de l’ouest durant tout ce temps qui nous sépare de ce moment de pureté ethnique, où nous sommes sortis de notre isolement géographique, et qui ont fini à leur tour à se métisser avec le peuple algérien dans son processus indéfini de métissage.
Je me serais senti concerné par le combat berbériste s’il revendiquait la part amazighe de l’infinité d’éléments ethniques ayant contribué à la formation de la composante humaine du peuple algérien, au lieu de nier ce riche apport humain aux habitants d’origine de notre patrie et le réduire avec acharnement à l’unique composante arabe imposée par le pouvoir illégitime, hérité du tournant de l’indépendance nationale, pour lui opposer la pureté ethnique amazighe. Ce déni du métissage de la composante humaine du peuple algérien s’apparente à de l’ethnicisme, qui revendique une identité ethnique pure, amazighe. Ce combat mène droit vers le nationalisme ethnique, qui aura pour conséquence l’isolement d’un groupe ethnique artificiel et sa séparation du reste du peuple algérien.
Je me serais senti concerné par le combat berbériste s’il revendiquait la part amazighe de l’infinité d’éléments ethniques ayant contribué à la formation de la composante humaine et non pas la séparation ethnique des Algériens entre sa composante globale métissée, qualifiée mensongèrement d’Arabe, et une région isolée par des idéologues aventuristes qui prônent une supposée pureté ethnique aux habitants de cette région à des fins politiques séparatistes pour fonder un Etat national ethnique, au détriment d’un Etat national, moderne, républicain, laïc, démocratique et social, ouvert sur l’humanité entière, où tout individu, quelle que soit son origine, puisse devenir Algérien dans l’avenir.
Je me serais senti concerné par le combat berbériste s’il revendiquait la part amazighe de l’infinité d’éléments linguistiques ayant contribué à la formation et à la structuration de notre véritable langue nationale, derja, parlée par notre peuple aux quatre coins du pays, malheureusement abandonnée par le pouvoir, pour des raisons évidentes, politiquement et culturellement.
Au lieu de s’acharner à inventer une langue artificielle dans des laboratoires complètement éloignés des variantes des parlers dans les régions où survit sur le territoire national ce patrimoine linguistique, lui-même enrichi des apports de tous les parlers des peuples qui sont venus enrichir notre patrimoine culturel depuis 3000 ans et de l’opposer à la langue arabe, en niant la nature de cette véritable langue nationale qu’est la derja.
Y. B.
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