Ce rapport remis à l’UE qui révèle tout sur le financement des ONG en Algérie
Par Nabil D. – L’arrestation de membres d’une association par la DGSN dans une affaire liée à des financements étrangers occultes destinés à des actions de subversion a fait remonter à la surface un rapport élaboré pour le compte de l’Union européenne, lequel rapport traite des associations activant en Algérie. Intitulé «Les associations : des acteurs émergents en manque de reconnaissance en Algérie», le document signé Djamel Benramdane a été réalisé en 2014 avec la participation du Comité international pour le développement des peuples (CISP), sis à Beyrouth, au Liban, le Réseau algérien de la Fondation Anna Lindh, la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH), Amnesty international Algérie, le réseau Nada, le Centre d’information et de documentation sur les droits de l’enfant et de la femme (CIDDEF) et l’association Femmes algériennes revendiquant leurs droits (FARD).
«Il faut lire ce rapport pour pouvoir mesurer comment les associations algériennes se sont constituées en réseaux et ont été approchées par des officines étrangères afin de leur fixer la ligne de conduite. Ce sont les responsables de ces associations qui sont dans la rue aujourd’hui et interviennent dans les médias occidentaux et marocains», relève une source très au fait de ce dossier qui explique que l’instabilité qui caractérise l’Algérie actuellement «est le résultat d’un travail de longue haleine mené par des acteurs bien connus».
Dans les recommandations du rapport en question, on apprend que les financements de ces associations «socioculturelles» «par des bailleurs de fonds étrangers qui soutiennent des projets d’utilité publique ne devraient en aucun cas être entravés par des contrôles abusifs et/ou des démarches contraignantes». Les pouvoirs publics sont, dès lors, invités à «soutenir ces projets en créant des mécanismes et des procédures simplifiées de cofinancement».
Les commanditaires du rapport expliquent que «cette étude est le fruit d’un travail de réflexion entamé en juin 2014 au sein d’une plate-forme des organisations de la société civile algérienne autour de l’adoption de la nouvelle loi sur les associations». «Ce groupe d’échanges et de travail s’est fixé comme objectif de réfléchir à des solutions pour améliorer les relations entre la société civile et les institutions, de dessiner une logique de coopération avec les pouvoirs publics, d’évaluer et d’analyser les retombées du nouveau texte législatif sur le mouvement associatif et en amont de construire un plaidoyer en faveur de la reconnaissance du rôle des OSC [Organisations socioculturelles, ndlr] algériennes dans le développement».
Au premier rang de ces organisations, on retrouve la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) d’Ali Yahia Abdenour, qui «a joué un rôle prépondérant et constant dans la dénonciation des atteintes aux droits humains durant les années de violence, une intransigeance qui lui a valu de nombreuses inimitiés». Le document indique que cette ligue «anime deux structures dédiées à la défense et la promotion des droits humains», étrangement activant toutes les deux en Kabylie, l’une à Tizi Ouzou et l’autre à Béjaïa.
Autre association «ciblée» par le rapport, la Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), créé en 2011, dans le sillage du «printemps arabe». «Avec ce comité, c’était la première fois que des chômeurs se dotaient de leur propre organisation en Algérie. Cette naissance surprendra tout le monde, spécialistes, experts, sociologues, journalistes, politiques et pouvoir, d’autant plus que ces nouvelles voix parvenaient de Ouargla, Laghouat, Ghardaïa, depuis les portes du désert à des centaines de kilomètres de la capitale, Alger», note l’auteur de l’«étude» qui fait savoir que l’association SOS disparus fait évidemment partie des ONG concernées par le financement sollicité auprès de l’Union européenne. Des ONG qui «activent depuis le milieu des années 1990 dans des conditions difficiles, comme le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), qui mènent des actions pour retrouver leurs proches et obtenir un traitement national de la question des disparus conforme au droit international».
L’objectif d’internationalisation de la crise algérienne apparaît clairement dans ce rapport et dans la feuille de route de cette organisation téléguidée à partir de l’étranger. «Une association jumelle de droit français a été créée pour le plaidoyer auprès des instances internationales», souligne le rapport, en ajoutant que «le CFDA organise régulièrement des formations en droit international et national dans l’objectif de renforcer les compétences des professionnels du droit en matière de défense et de protection des droits de l’Homme» et qu’il «organise également des formations plus pointues, comme sur les techniques d’identification par ADN par exemple».
N. D.
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