Fiasco de Washington à l’ONU : le Maroc regrette déjà la normalisation avec Israël
Par Kamel M. – L’heure est aux lamentations à Rabat. Le constat d’échec des Etats-Unis au Conseil de sécurité où le forcing de Washington s’est fracassé contre le refus de la Chine et de la Russie de faire passer une déclaration favorable au Maroc a glacé les espoirs du Makhzen qui croyait tenir le bon filon pour faire passer son plan à l’ONU. Il s’avère que la normalisation avec Israël est un flop et que cela ne lui rapportera finalement rien sur le plan diplomatique. L’euphorie n’aura duré que le temps d’un paraphe apposé par Donald Trump sur un document caduc et d’un trait effacé sur une carte géographique retracé sitôt ce dernier bouté hors de la Maison-Blanche.
«Les Etats-Unis n’ont pas pu faire adopter par le Conseil de sécurité des Nations unies une déclaration sur le Sahara Occidental. Pour le Maroc, il s’agit d’une grande déception, y voyant les prémices d’un recul de l’administration américaine par rapport à la politique de l’ancien président Donald Trump sur ce dossier», lit-on dans les médias marocains qui s’étonnent de ce que leur plan ait été contrarié bien que «le texte [n’ait] pourtant rien de révolutionnaire». «Il s’agit d’une déclaration commune appelant à éviter l’escalade dans le conflit au Sahara Occidental et demandant aux parties d’avoir une attitude constructive avec la Minurso et d’accélérer les démarches pour nommer un nouvel émissaire onusien afin de relancer, dès que possible, un processus politique bloqué», explique-t-on à Rabat, en jouant à l’innocent.
Au Conseil de sécurité, l’Inde, la Chine et les pays africains ont dit non à la mouture de Washington car ils ont compris le jeu mesquin des Américains dont la déclaration s’adresse exclusivement, et de façon sournoise, au Front Polisario. Les pays qui ont voté contre l’ont compris et ont répondu dans le même langage diplomatique, en avançant la crainte d’une «mauvaise interprétation». Le Makhzen croyait que la «première puissance mondiale» allait taper du poing sur la table et imposer son veto. Naïf Makhzen qui s’imaginait que les Etats-Unis allaient se mettre à dos tous ces pays pour satisfaire les désirs de Mohammed VI et de ses alliés anciens – la France – et nouveaux – Israël et les Emirats arabes unis.
Rabat comptait sur la «nouvelle conjoncture» – traduire la normalisation avec l’Etat hébreu – mais les gigantesques concessions faites par le régime de Mohammed VI ne lui ont rien rapporté. D’où les regrets après que la représentante permanente des Etats-Unis à l’ONU, Linda-Thomas Greenfield, eut échoué à «peser de son poids pour faire adopter une déclaration commune mettant en relief le bellicisme affiché par le Front Polisario» et que les Etats-Unis n’eurent «à aucun moment abordé la reconnaissance de la souveraineté du Maroc» sur le Sahara Occidental. Le Maroc déplore d’autant plus cette «omission» que le département d’Etat américain chemine vers une révision de sa politique sur le dossier sahraoui.
K. M.
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