Une mosquée profanée en France : acharnement contre les musulmans
Par Nabil D. – La mosquée de Rennes a subi une nouvelle profanation dans la nuit de jeudi à vendredi, soit trois semaines à peine après une première visite nocturne des extrémistes de droite. «Français réagissez !», «On vous avait prévenu, l’immigration tue», «Deus Vult» (Dieu le veut), lit-on sur les murs du lieu de culte musulman.
Cette attaque contre la mosquée de Rennes fait suite à l’assassinat d’une femme agent administratif au commissariat de Rambouillet par un extrémiste d’origine tunisienne. Les auteurs des tags y font clairement allusion, faisant ainsi dans l’amalgame et accusant tous les musulmans d’être des «terroristes». C’est aussi une réponse au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui s’était déplacé lors d’une précédente profanation, où il s’était dit «choqué» et avait dénoncé dans les termes les plus vigoureux ces atteintes répétées à la religion musulmane.
Chez les musulmans de Rennes, c’est l’incompréhension et la tristesse, en ce mois sacré de Ramadhan. «Ces profanations répétitives et ces actes islamophobes sont une application sur le terrain de discours antimusulmans et anti-islam devenus légion sur les plateaux de certains médias lourds», accuse le président de l’Observatoire contre l’islamophobie, Abdallah Zekri, qui invite la communauté musulmane à garder son sang-froid. «Il faut éviter de répondre à ces provocation», a-t-il insisté, en en appelant à la responsabilité des acteurs politiques et des médias pour éviter une dangereuse escalade.
Des tags obscènes et d’une rare violence avaient été inscrits sur les murs de la mosquée et Centre culturel islamique Avicenne de Rennes, le 11 avril dernier. Cette profanation intervenait deux jours à peine après la tentative d’incendie qui a visé une autre mosquée à Nantes. Les auteurs des inscriptions étaient clairement identifiables au contenu de leurs messages extrémistes : «Les Croisades reprendront», «Charles Martel sauve-nous de ces traîtres !» «Catholicisme religion d’Etat». «De tels actes condamnables étaient prévisibles», avait dénoncé Abdallah Zekri, qui imputait ces atteintes répétées à l’islam à la «banalisation des critiques acerbes orientées vers la religion musulmane» et aux «discours haineux distillés du matin au soir à travers les chaînes d’information en continu».
Gérald Darmanin s’était déplacé à Rennes. «Un geste fort», avait estimé le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM), tout en saluant «la réactivité du ministre de l’Intérieur qui marque, par sa promptitude à exprimer son soutien franc aux musulmans chaque fois que l’islam et la communauté musulmane sont ciblés par les milieux racistes et islamophobes, et sa réprobation ferme et univoque du comportement xénophobe et clivant de leurs auteurs».
N. D.
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