Quand l’ambassadeur d’Algérie à Paris «corrige» le magazine Jeune Afrique
Par Houari A. – Mohamed-Antar Daoud est un ancien journaliste qui sait manier la plume et qui ne manque pas de s’en servir chaque fois que de besoin. Après avoir adressé une mise au point à l’agence de presse française AFP pour avoir offert «une forme de légitimation, voire de sympathie» au mouvement séparatiste de Ferhat Mehenni dont elle a relayé les proférations, l’ambassadeur d’Algérie à Paris a réagi, cette fois-ci, à une infographie de Jeune Afrique, intitulée «Front Polisario : une république ensablée», faisant ressortir l’utilisation d’une carte du continent africain intégrant le territoire du Sahara Occidental dans les frontières internationales du royaume du Maroc, «et ce, en contradiction avec les faits établis par la légalité et le droit internationaux».
«Nonobstant la ligne éditoriale de votre magazine, connue de tous pour être défavorable au processus de décolonisation du territoire non autonome du Sahara Occidental et à l’exercice du peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination, tel que prévu par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et celles de l’Assemblée générale des Nations unies, les exigences éthiques de la profession de l’information commandent l’objectivité et la rigueur quant à l’utilisation de supports, notamment les cartes géographiques qui doivent refléter les frontières internationalement reconnues», écrit Mohamed-Antar Daoud.
L’ambassadeur rappelle au directeur du magazine des Ben Yahmed que «le territoire du royaume du Maroc et celui du Sahara Occidental sont deux territoires bien distincts et séparés». «Une réalité, précise-t-il, réaffirmée par différentes instances internationales et régionales, à l’instar de la Cour internationale de justice, de l’Union africaine et de la Cour de justice de l’Union européenne». «Par ailleurs, ajoute-t-il, le texte introductif de cette infographie laisse suggérer que l’Algérie, partie intéressée et non concernée à l’instar de la Mauritanie, soutient une cause vaine, qualifiant de mirage la perspective de l’indépendance du Sahara Occidental».
Une affirmation qui conduit Mohamed-Antar Daoud à rappeler que le soutien constant de l’Algérie «aux peuples sous le joug de l’occupation et leur droit à l’autodétermination, en particulier pour les causes justes palestinienne et sahraouie, trouve sa source dans son cheminement historique marqué par le recouvrement de l’indépendance, après une longue et glorieuse Guerre de libération nationale ayant permis au peuple algérien d’exercer son droit à l’autodétermination».
«L’on est en droit de s’interroger sur la persistance de Jeune Afrique, pourtant magazine d’essence panafricaine, à se faire le héraut de l’occupation marocaine, qui foule aux pieds l’un des principes fondateurs de l’Union africaine et des Nations unies, à savoir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», poursuit l’ambassadeur, pour lequel «il reste entendu que cette mise au point n’a d’autre objectif que le souci de voir prévaloir une information complète, reposant sur des données factuelles irréfragables et susceptibles de permettre un éclairage sur la nature de cette question qui concerne la dernière colonie d’Afrique».
Il invite, enfin, la direction et la rédaction de Jeune Afrique à «prendre en compte, à l’avenir, ces éléments d’information» qu’il «estime neutres et objectifs» et «permettant non seulement de garantir aux lecteurs une information fiable et authentique, mais également d’éviter d’induire l’opinion publique en erreur en employant des supports illustratifs altérés ne reflétant point la réalité du conflit».
H. A.
Comment (29)