Le Maroc se ruine dans des projets hors de prix à force de copier sur l’Algérie
Par Kamel M. – Dès que l’Algérie annonce le lancement d’un projet, immédiatement après le Maroc lui emboîte le pas et court chez les Français pour le réaliser. Il en fut ainsi du coûteux tramway de Casablanca dont Nicolas Sarkozy affirmait, devant des Marocains médusés, qu’il allait être bénéfique aux entreprises françaises. L’ancien président français s’était arrêté là, ne citant aucune espèce d’utilité pour les Casablancais auxquels le sésame allait revenir à 3 milliards d’euros. Imitation ridicule puisque l’Algérie en construira 11 à travers le pays.
En réponse au projet énergétique Desertec, le régime marocain a voulu s’engager dans une stratégie solaire pour damer le pion au voisin de l’Est qui profitait d’une manne financière généreuse permise par la flambée des cours du pétrole sur les marchés mondiaux. L’argent coulait à flots et le pouvoir à Alger dépensait sans compter pour construire des infrastructures à n’en plus pouvoir.
Aujourd’hui, soit «cinq ans après le lancement en fanfare» de la première centrale solaire à Ouarzazate, les retards s’accumulent et les pertes se creusent», écrit le journal français Le Monde, dans un article signé à partir de Casablanca, au Maroc, où, dit-on, le mégaprojet voulu par Mohammed VI a été réduit à néant par des affaires de malversations et de mauvaise gestion qui visent les responsables de la société en charge du programme relatif à une centrale électrique dénommée Noor, située à Ouarzazate, au sud des montagnes du Haut Atlas marocain.
Le Monde, qui nous apprend que le Maroc est dépendant à 95% de l’étranger en termes de besoins énergétiques, rappelle que le projet en question avait été «inauguré en 2016 par le roi, en présence de l’ancienne ministre française de l’Environnement Ségolène Royal», mais que «les retards s’accumulent et les pertes se creusent». Il est de l’ordre de 75 millions d’euros par an, indique le Conseil économique, social et environnemental marocain. «A Rabat, le chiffre provoque des grognements», note le journal français qui se réfère à un communiqué «particulièrement vif» du cabinet royal. Des députés sont montés au créneau pour exiger des explications. En vain, apprend-on, car les cadres de l’entreprise chargée du projet ont été interdits de faire des déclarations publiques.
Le Monde explique, par ailleurs, que les autorités marocaines ont été mal conseillées, en ce sens que «la principale critique tient surtout dans le choix de la technologie». «A Ouarzazate, le complexe n’est pas composé de panneaux photovoltaïques, mais de centaines de milliers de miroirs incurvés, qui reflètent les rayons du soleil. Le solaire à concentration permet ainsi de stocker la chaleur de la journée et de fournir de l’électricité en soirée, au moment du pic de consommation. Adaptée aux zones très ensoleillées, comme le sud du Maroc, cette technologie reste cependant coûteuse comparée au photovoltaïque, qui a vu son prix chuter de 80% en moins de dix ans», souligne Le Monde.
Malade de gigantisme, le Makhzen, qui décrit ce projet, bien qu’il aille «droit dans le mur» comme «le plus grand complexe solaire multi-techniques au monde», n’arrive pas à avancer. «Le lancement de la construction de la première tranche, confiée à un consortium auquel appartient le français EDF Renouvelables», accuse un grand retard, fait-on savoir. Le régime monarchique de Rabat s’est précipité pour rien. Le projet algérien fait du sur-place aussi. L’argent des Marocains est jeté par les fenêtres par le roi et sa coterie par pure rivalité avec l’Algérie.
K. M.
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