La Palestine existe n’en déplaise aux idiots décervelés et ignorants de l’histoire
Contribution d’Ali Akika – Que n’a-t-on pas entendu les perroquets reprendre à leurs comptes les balivernes de la vile propagande des services de la désinformation d’Israël ! Ces idiots décervelés ont maintes fois «enterré» la Palestine. Hier, ils fondaient leurs «analyses» sur la suprématie éternelle de «l’invincible» armée d’Israël. Ensuite, le «Deal du siècle» d’un Trump entrepreneur de l’immobilier qui croit aux mirages de la force brute contre la force du droit des peuples. Enfin, les «Accords d’Abraham», signés par des féodaux dont la trouille d’être balayés par leurs peuples les a jetés dans les bras d’un Etat avec un gouvernement qui boite depuis deux ans et son armée qui se cache derrière des avions civils pour bombarder des voisins.
Tout ce beau monde croit que des accords écrits sur du papier biodégradable par l’histoire peuvent effacer un peuple de sa terre. Ces gens-là ne comprendront jamais l’Histoire, une notion hors de portée de tout cerveau rabougri qui leur fait croire qu’un peuple s’achète avec des hamburgers et du Coca-Cola. Jamais, ils ne comprendront qu’un peuple ne disparaît jamais tant qu’il vit sur sa terre et met au-dessus de toute sa dignité. C’est le cas de tous les peuples ex-colonisés dont certains, aujourd’hui, sont le cauchemar de ces empires où le soleil ne se couchait jamais. Et les Palestiniens l’ont compris et la résistance des habitants d’Al-Qods est le symbole éclatant d’un peuple qui ne se laissera plus chasser de sa terre.
Du reste, reconnaissons que, contrairement aux féodaux aux petits pieds, Israël l’a compris. C’est pourquoi il fait tout pour que les Palestiniens émigrent. Israël, aidé de son grand frère américain, facilite l’installation des Palestiniens aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, ô ironie de l’histoire, des pays qui ont vidé leur territoire des autochtones. Israël est même prêt à financer l’installation des Palestiniens dans les pays voisins, à condition qu’ils signent un papier d’abandon de leur droit au retour. C’est ce que vient de proposer la Cour suprême d’Israël aux habitants d’un quartier de Jérusalem qui pourraient continuer à habiter leurs maisons à condition de reconnaître que le terrain appartient à de supposés propriétaires (1), juifs évidemment.
Les Palestiniens ont refusé au grand dam de ces «grands» juges qui s’aperçoivent que le mensonge de leurs aînés est une casserole qu’ils vont traîner tout le temps. Un dernier mot sur la réaction des grands de ce monde. Jusqu’à présent, ces messieurs qui protègent Israël, en bloquant le Conseil de sécurité, s’agitent car ils marchent sur les œufs. J’ai écrit souvent sur les changements des rapports de force sur la scène internationale et la situation actuelle en Palestine découlant de cette situation. Le monde est à un tournant, et l’origine de ces bouleversements est multiple.
La mondialisation conçue et née dans une économie «financiarisée», frappée de plein fouet par des ennemis coriaces et «invisibles», comme la Chine, la Russie, l’Iran, mais aussi par les peuples en lutte et, enfin, par l’inattendu et invisible coronavirus. Il y a une course contre la montre de ce monde «financiarisé» ; c’est pourquoi il lui faut éteindre des feux et calmer des arrogants qui continuent de croire que l’histoire est encore tributaire et, pour toujours, de la Bible et de la force des armes.
Que se passe-t-il en Palestine ? Les Palestiniens sont en train de faire comprendre aux perroquets et à leurs maîtres qu’ils ont intérêt à s’imprégner plutôt des leçons de l’histoire pour ne pas connaître le sort pathétique des suprématistes américains et autres. En suivant l’actualité de ces derniers jours, j’ai relevé une formule dans la presse israélienne «être intelligent, pas seulement être juste». Cette phrase résume l’impasse dans laquelle se trouve Israël. Intelligence et justice, choix cornélien ou choix cynique, tactique, cacher son jeu pour ensuite apparaître dans sa vraie nature. Dans l’art de la politique et l’art de la guerre, il y a des décisions stratégiques et des décisions tactiques sur un théâtre de la lutte où l’intelligence impose sa loi.
Mais quand le champ et le théâtre de la guerre est rythmé par le temps et la justice qu’on nomme Histoire, c’est celle-ci qui finit par imposer ses lois. L’Histoire n’oppose pas l’intelligence à la justice. Ça rappelle à nous Algériens la fameuse phrase d’Albert Camus : «Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère.» Ce genre de philosophie pour élève de classe de philo comme a dit J.-P. Sartre à propos de Camus, les Israéliens devraient l’intérioriser (1).
Revenons aux événements d’aujourd’hui qui impactent la situation en Israël.
Impasse politique. Ça fait deux ans que cet Etat est amputé d’un vrai gouvernement après quatre élections. On s’achemine vers une cinquième élection, à moins que se dégage une majorité avec l’appui, ô revanche de l’histoire, de Palestiniens.
Impasse idéologique. Le poids de plus en plus grand des juifs orthodoxes commence à être insupportable pour l’Etat. Ces groupes religieux sont constitués en partis politiques et votent pour le gouvernement le plus généreux en subventions et en dérogations du service militaire. Le rêve du sionisme de regrouper tous les juifs du monde fait partie d’ores et déjà des chimères. Les craquements à l’intérieur de la société sont de plus en plus sévères entre religieux et le reste de la population, sans compter les Palestiniens qui, de l’intérieur ou de l’extérieur, ne sont pas près de cesser de chauffer le volcan de la région.
Les changements stratégiques. On se souvient de l’époque où Israël, au moindre coup de feu sur une frontière, envoie son aviation bombarder et même violer les territoires des voisins en les envahissant. Ce fut la belle époque car, aujourd’hui, les avions sont de plus en plus rares dans le ciel des voisins. Quant à risquer d’envoyer des hommes à l’aventure en marchant derrière des chars, ça eut été fait. Ces chars dans le musée du Hezbollah témoignent que ce n’est plus possible.
Sur le plan politique, les alliés et les amis qui soutenaient les actions les plus outrageantes au regard du droit international ne veulent plus cautionner pareil aventurisme. Ils ont tendance de plus en plus à calmer l’arrogance de cet Etat qui est appelé à se présenter devant le Tribunal international de La Haye. Le changement d’attitude de ces alliés est motivé par la nécessite de faire face aux nuages qui s’accumulent à l’horizon dans un futur qui risque de devenir rapidement un présent.
Quant aux pions des Accords d’Abraham, on voit d’ores et déjà que leurs ports et leurs bateaux sont à la portée du «petit», mais valeureux, peuple du Yémen. Israël n’offre pas sa protection et, pour cause, son centre atomique a reçu la visite d’un missile syrien. Voilà pourquoi ils font le voyage à Baghdad, chez leurs ennemis «chiites», c’est-à-dire irakiens, ceux qui croient encore que la religion est menacée par un voisin alors que c’est la politique, c’est-à-dire la vie et l’histoire des peuples qui sont visées, non pas par des voisins mais par une certaine politique prédatrice et arrogante.
A. A.
1- Ce n’est pas très malin de la part de ces juges car, demain, quand les vents auront tourné, les Palestiniens chassés de leur terre vont sortir leur titre de propriété et leurs fameuses clés pour demander de réoccuper leurs maisons habitées aujourd’hui par des gens venus des quatre coins de la planète. Il y a un film poignant qui relate l’histoire d’une Palestinienne (Américaine) qui a pu entrer en Palestine et retrouver la maison de ses parents.
2- Certains de nos «intellectuels» devraient aller au-delà des cours de philosophie de lycée. Ils sauront alors qu’on peut être un très grand écrivain comme Camus et être un piètre philosophe ; Céline, grand parmi les grands écrivains, en est l’exemple. Ça leur éviterait d’aseptiser la violence et la cruauté du colonisateur. Beaucoup se cachent derrière le «recul» de l’histoire et prennent le prétexte du détournement du fleuve Algérie à l’indépendance, en 1962, pour détourner à leur tour leur regard des Damnés de la terre, de Franz Fanon, préfacé par J.-P. Sartre.
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