L’évacuation de l’acteur Salah Aougrout à l’étranger provoque un tollé général
Par Nabil D. – Bien qu’adulé par les Algériens, l’acteur Salah Aougrout, dit Souileh, n’a pas laissé l’opinion publique indifférente suite à son transfert à l’étranger pour y subir des soins après que les médecins lui ont diagnostiqué un cancer. C’est que ce traitement de faveur intervient à un moment où des centaines de milliers de citoyens n’arrivent pas à sortir du pays, ni à y rentrer pour cause de fermeture des frontières. Une fermeture qui ne semble pas concerner tout le monde, dénonce-t-on sur les réseaux sociaux.
De nombreux cas d’enfants malades sont signalés chaque jour qui nécessitent une prise en charge à l’étranger mais qui n’ont droit à aucune considération de la part des autorités, sinon des discours creux. Il en est ainsi de la jeune Aya d’El-Biar, sept ans, qui risque de perdre la vie à tout moment faute de soins adéquats en Algérie. Son cas a été rapporté aux plus hautes autorités via Facebook et les médias, mais aucune réponse n’est venue rassurer ses parents qui assistent, impuissants, à la dégradation de l’état de santé de leur fille qui souffre le martyre. L’image d’un autre enfant atteint d’un cancer circule sur Facebook, sa photo étant postée à côté de celle de l’acteur privilégié pour dire que tous les Algériens ne sont pas égaux et ne sont pas logés à la même enseigne.
Par ailleurs, l’opération médiatique qui a accompagné la prise en charge de Salah Aougrout a fait réagir de nombreux internautes qui ont dénoncé une récupération politique et une exploitation machiavélique. En effet, une chaîne de télévision privée a suivi le malade depuis l’hôpital jusqu’à l’avion médicalisé battant pavillon français affrété pour la circonstance, en passant par l’ambulance qui l’y a déposé. «Cette chaîne a voulu faire le buzz comme si le concerné partait en France pour un séjour touristique alors que son déplacement même hors du pays signifie que son cas est très délicat», ont commenté des observateurs qui n’ont pas caché leur «écœurement» face à ce «comportement immoral».
D’autres commentateurs affirment ne pas comprendre que des médias pavoisent en informant les Algériens qu’un des leurs doit être transporté à l’étranger pour pouvoir être soigné «convenablement». «A quoi servent nos hôpitaux dans ce cas ?» s’interrogent-ils. «Quelles substances administre-t-on donc à nos malades du cancer soignés en Algérie ?» se demandent-ils encore, sceptiques quant à l’efficacité des traitements utilisés. «La différence entre un malade traité par chimiothérapie en Occident et un autre qui subit le même protocole en Algérie est flagrante», notent des citoyens qui ont des proches atteints de cette maladie. «En France, même un sans-papier peut se soigner aux frais de l’Etat au bout de trois mois de présence sur le sol français, il a le droit au même traitement de qualité qu’un Français ou un résident en situation régulière, sans considération des frais astronomiques que cela engendre», témoigne un Algérien dont l’épouse est prise en charge dans les hôpitaux parisiens.
«Il ne suffit pas pour un ministre de la Santé de partager, à grand renfort de caméras, un déjeuner avec le personnel soignant de l’hôpital Mustapha-Pacha d’Alger pour sauver un secteur de la santé lui-même malade», déplorent des citoyens qui ont vu dans ce geste une «pure démagogie tout à fait inutile».
N. D.
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