Propagande toxique
Par Nouredine Benferhat – Il est regrettable de voir encore de nos jours des procès que nous avions cru relever d’une autre époque infligés à des penseurs au-dessus de tout soupçon, victimes d’un artifice théologique, lequel s’inscrit dans un mode de pensée, l’historicisme transcendantal qui est défini par des absolus – Dieu, prophétie, traditionalismes, etc. Cette version tend à se généraliser et ses prêcheurs ne cachent pas leur velléité à assigner aux sciences sociales la formulation de prophéties d’ordre historique pour mettre en œuvre une construction politique à tonalité métaphysique.
Depuis quelque temps, les autorités alertent sur le danger que représente l’action de forces rétrogrades issues de cette tendance. Ils tentent d’entretenir le doute sur nos pratiques séculaires de tolérance pour imposer un traditionalisme importé et étranger à nos traditions. Pour contrer durablement leur propagande toxique, il devient alors urgent d’élargir la liberté de penser, d’introduire dans tout dialogue plusieurs leviers stratégiques, d’évacuer du discours les absolus de la théologie et du théocentrisme qui enchaînent le temps, l’espace et l’édifice de notre société.
L’aventure de l’humanité ne suit pas une trajectoire inéluctable mais, au contraire, indéterminée. Elle n’est pas articulée autour du traditionalisme, lequel, comme dit le sociologue Khatibi, «n’est pas la tradition, il est son oubli et en tant qu’oubli, il fixe l’ontologie à ce dogme : primauté d’un Etant immuable et éternel, invisible et absent. […] Le traditionalisme se nourrit de la haine de la vie. La pensée métaphysique est un système de cruauté qui nous a domestiqué à une morale servile». L’historicisme n’est qu’un artifice théologique sous une forme idéologique.
L’important est d’empêcher que la pensée politique soit polluée par les multiples et diverses bigoteries qui l’éloigneraient de son fondement, celui de réduire les maux de la société et de faire en sorte, à chaque génération, que la vie soit moins redoutable et un peu moins inique.
N. B.
Commentaires