Conseil des ministres sur l’ouverture des frontières : les Algériens s’emballent
Par Kamel M. – Tout y est : de l’annonce d’un discours du président Tebboune à un grossier document portant décret présidentiel diffusé à grande échelle, bien qu’il apparaisse clairement que c’est un faux. La raison : des millions d’Algériens trépident d’impatience de pouvoir enfin voyager après plus d’une année de blocage, suite à la fermeture des frontières terrestres, maritimes et aériennes pour cause de crise sanitaire mondiale, attendant le communiqué du Conseil des ministres comme on attend le croissant lunaire annonçant la fin du Ramadhan.
Une fermeture qui a donné lieu à une vive polémique en raison de l’incapacité de nombreux concitoyens de regagner le pays ou de se rendre à l’étranger pour divers impératifs, notamment médicaux. La polémique a enflé lorsque diverses sources ont fait état de passe-droits dont ont bénéficié certains qui multiplieraient les sorties et les rentrées tandis que d’autres supplient presque à genoux les autorités de leur délivrer la fameuse autorisation pour pouvoir qui accompagner la dépouille d’un proche pour l’enterrer dans son pays natal, qui pour subir une intervention chirurgicale en Turquie ou en Tunisie, qui, encore, pour rejoindre les bancs de l’université.
La polémique a atteint son paroxysme après le tapage médiatique qui a été fait autour du transfert de l’acteur Salah Aougrout en France à bord d’un avion médicalisé, sur instruction, dit-on, du président de la République. Cette faveur accordée à l’artiste, pourtant adulé par les Algériens, a fait dire à de nombreux internautes que les citoyens ne sont pas tous égaux, en prenant l’exemple de deux enfants qui souffrent, l’une d’une grave maladie du foie et l’autre d’un cancer, condamnés, commentent-ils, à «mourir» chez eux, faute de soins adéquats.
Des indiscrétions ont même fait état d’un business des autorisations, dénonçant des commis indélicats qui s’adonneraient au bakchich en contrepartie du fameux sésame. Mais aucune enquête ne semble avoir été ouverte et aucune preuve n’a été présentée à l’appui de ces proférations.
Des sources proches du dossier invitent, cependant, les citoyens à tempérer leurs ardeurs, tant la réouverture des frontières aura pour conséquence une ruée vers les guichets des compagnies aériennes et les centres médicaux pour les tests nasopharyngés et le vaccin, ce qui provoquera dans un premier temps un cafouillage monstre et une difficulté à répondre à une forte demande simultanée. Les Algériens devront donc s’armer encore de patience, le temps que les choses se mettent en place et que le flux redevienne normal dans quelques semaines.
K. M.
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