Ces hommes d’affaires égyptiens qui coûtent cher au Trésor public algérien
Par Abdelkader S. – Les Algériens n’ont pas encore digéré l’affaire Naguib Sawiris qu’un autre scandale vient d’éclater. En effet, nos confrères du Soir d’Algérie croient savoir qu’un groupe cimentier égyptien «réclame au pays le versement de 900 millions de dollars et menace de le mener à l’arbitrage international». Le groupe cimentier en question est Qalaa Holdings et sa filiale Asec Cement, explique le quotidien, qui rappelle que cette dernière a investi, en 2006, dans la construction et l’exploitation d’une cimenterie à Djelfa et une participation effective de 37% dans le complexe de Zahana, à Mascara, contrôlé par le Groupe industriel des ciments d’Algérie (Gica) avec droit de gestion.
La firme égyptienne réclame aux autorités algériennes des indemnités qui s’élèvent à 900 millions de dollars, indique le journal francophone, en précisant que celle-ci se réfère à un traité algéro-égyptien signé en 1997 et «portant sur l’encouragement et la protection réciproque des investissements». La partie égyptienne fait valoir le consentement par l’Algérie à «soumettre tout litige avec les investisseurs égyptiens à l’arbitrage international». Le grief est le même que celui porté par un certain Naguib Sawiris : les Egyptiens se plaignent d’avoir été «contraints à abandonner» leurs projets d’investissements «qui se sont soldés par une vente à un prix insuffisant».
Le groupe égyptien reproche au gouvernement algérien d’avoir «restreint l’accès d’Asec à des financements, en appliquant des lois rétroactives sur le financement en utilisant son contrôle du secteur bancaire public pour imposer des conditions abusives préalables à tout financement du projet de Djelfa, en suspendant le permis d’exploitation minière d’Asec sans motif, en faisant obstacle à l’embauche de constructeurs et en menaçant le Groupe de lourdes pénalités s’il revenait à son investissement à Zahana», précise Le Soir d’Algérie qui a été destinataire de la requête rédigée par un cabinet d’avocats américain.
Quelques années auparavant, c’est un autre homme d’affaires cairote qui mordra la main qui l’a nourri alors qu’il frôlait la faillite dans son pays, après avoir bénéficié des largesses de Bouteflika, au point de contraindre l’opérateur historique à retarder le lancement du prépayé pour permettre à l’égyptien de s’installer confortablement, lui donnant ainsi une longueur d’avance d’une façon anticoncurrentielle. Ce traitement de faveur n’a pas empêché le patron du groupe Orascom de recourir aux tribunaux internationaux pour attaquer l’Etat algérien qui a fait le choix malheureux de permettre au magnat égyptien de faire affaire dans notre pays, en lui accordant toutes les facilitations pour l’acquisition des cimenteries qu’il a fini par revendre à un partenaire français, sans en aviser les autorités, et de créer la filiale de téléphonie mobile Djezzy.
Lorsqu’il est arrivé en Algérie, le tapis rouge fut déroulé sous ses pieds alors qu’il était à peine connu en Afrique dans le domaine de la téléphonie mobile. Il a su profiter de ses relations personnelles avec certaines personnalités influentes algériennes pour bâtir un grand empire dans le domaine des télécommunications. Il a pu, contre toute attente, et même le bon sens économique, décrocher la licence de téléphonie mobile en Algérie pour un montant de 737 millions de dollars. Une licence qui a rehaussé considérablement la valeur de son groupe Orascom Telecom Holding (OTH) grâce à ses millions d’abonnés algériens.
En 2010, Naguib Sawiris cède OTH à VimpelCom. En avril 2014, l’Etat algérien rachète 51% de Djezzy pour 2,6 milliards de dollars à l’opérateur russe. Une transaction à laquelle s’est opposé Naguib Sawiris, qui a intenté un procès à l’Algérie au niveau du Tribunal d’arbitrage international de Paris. «Peu importe le temps que cela prendra, j’en fais une question de principe. Le gouvernement algérien a fait échouer mon rêve», avait-il déclaré, sans rougir, à un média international.
A. S.
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